Depuis une semaine, les médias et experts chinois célèbrent une victoire de l’innovation chinoise : la commercialisation du dernier smartphone de Huawei. Le Mate 60 Pro, disponible en commande depuis le 29 août, intègre à nouveau des capacités de connexion 5G, malgré les sanctions américaines qui empêchent le géant chinois des télécoms de se procurer ces puces électroniques.
Ce succès technologique pose aussi beaucoup de questions aux experts des semi-conducteurs, y compris à Washington, où certains se demandent si les sanctions ne devraient pas être renforcées pour empêcher Huawei de continuer à innover. La présentation du smartphone coïncidait d’ailleurs avec le court séjour en Chine de la secrétaire d’Etat au commerce américaine, Gina Raimondo, dont le ministère est responsable des nombreuses sanctions sur les entreprises chinoises.
La marque chinoise s’est montrée discrète sur les caractéristiques techniques de son dernier smartphone premium : l’entreprise ne mentionne même pas la 5G dans sa communication. Les journalistes spécialisés s’en sont aperçus en recevant les appareils pour les tester.
Les experts multiplient les conjectures
Le dernier smartphone de Huawei équipé de la 5G datait de 2020 : il était doté de puces électroniques mises au point par HiSilicon, filiale de Huawei, mais gravées par TSMC, le Taïwanais leader du marché. Les sanctions de Washington contre l’entreprise, renforcée chaque année depuis 2019, avaient eu raison de la 5G pour les téléphones suivants, entraînant une chute des ventes pour Huawei en 2021 et 2022. En octobre 2022, les Etats-Unis avaient élargi les sanctions à toute l’industrie chinoise des semi-conducteurs, empêchant en théorie Huawei de trouver des alternatives pour graver ses composants.
Avec le Mate 60 Pro, l’entreprise prouve qu’elle a de la ressource. Faute de détails publiés sur le contenu de ses puces 5G, les experts multiplient les conjectures : l’entreprise a-t-elle utilisé des vieux stocks de 2020 ? A-t-elle réussi à remplacer les machines occidentales et japonaises pour se hisser au niveau des standards mondiaux ?
D’après TechInsights, une firme spécialisée mandatée par Bloomberg, les circuits des puces Kirin 9000s qui équipent le smartphone, ont été produits par SMIC, le leader chinois de la production de puces électroniques. Elles sont imprimées à une finesse de 7 nanomètres, soit deux générations de retard par rapport aux composants des prochains iPhone 15, gravés par TSMC à 3 nanomètres, une finesse qui permet de concentrer plus de puissance tout en consommant moins d’énergie.
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