Elections au Guatemala : « Les irrégularités sont tellement visibles que la communauté internationale fait régulièrement état de ses vives préoccupations »

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Le Guatemala occupe rarement le devant de l’actualité internationale, c’est peu de le dire. Même au plus fort de ce que l’ONU a appelé des « actes de génocide », perpétrés dans les années 1980 contre la population maya, l’attention prêtée en Europe à ce pays – le plus peuplé d’Amérique centrale – est restée largement en deçà de celle réservée au Chili, par exemple, dont on ne manquera pas de commémorer, le 11 septembre 2023, les cinquante ans du coup d’Etat du général Augusto Pinochet contre le gouvernement de Salvador Allende. S’agissant du Guatemala, qui a encore une date tragique ou un nom mythique à l’esprit ?

Aujourd’hui, le pays traverse un important processus électoral : présidentiel, législatif, municipal et centraméricain. Le premier tour a eu lieu le 25 juin, le second est prévu pour le 20 août. Comme d’habitude, dans cette démocratie de façade, la tenue même de ces élections pose problème. Des règles viciées, des candidatures empêchées par la caste au pouvoir, des registres électoraux douteux, des taux de participation fragmentaires, des campagnes d’achat de votes, des comptages sous influence, etc.

S’y ajoute cette année la suspension des résultats du premier tour, décrétée début juillet par la Cour constitutionnelle en réponse à sa saisie par neuf partis de droite, inquiets de l’accession au second tour du candidat progressiste Bernardo Arevalo, qu’ils n’avaient pas vu venir.

Ces élections générales sont les dixièmes depuis le retour d’un pouvoir civil en 1985. Marqueurs d’une volatilité politique record, les neuf précédentes ont accouché de présidents issus de neuf partis différents, mais invariablement soutenus par l’un ou l’autre secteur de l’oligarchie nationale et des forces armées. Chacun a assuré, à quelques inflexions près, la continuité conservatrice et ultralibérale des politiques nationales et l’absence d’options de changement, ruinant jusqu’ici le sens réellement démocratique des « alternances » électorales.

Excès de zèle

Le « pacte des corrompus », c’est ainsi que les organisations sociales guatémaltèques qualifient la collusion d’intérêts économiques, politiques et militaires qui occupent la tête de l’« Etat-butin » et assurent l’impunité de ses forfaits par l’épuration des institutions judiciaires. Les irrégularités sont tellement visibles, les accointances avec le crime organisé tellement indéniables, que la communauté internationale elle-même fait régulièrement état de ses vives préoccupations. En retour, le pouvoir guatémaltèque surenchérit dans l’excès de zèle vis-à-vis de Washington, tantôt en étant le deuxième pays au monde à transférer son ambassade à Jérusalem, tantôt en étant le seul Etat latino-américain à envoyer son président à Kiev pour y réaffirmer son soutien.

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