Autour de Ghajar, le jeu périlleux du Hezbollah et de l’Etat hébreu

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La partie nord du village frontalier de Ghajar, récemment entouré de murs par Israël, photographiée depuis le village de Ouazzani, au sud du Liban, le 21 juillet 2023.

Sur la petite route qui serpente vers le lit de la rivière Hasbani, des troupeaux de chèvres broutent des herbes folles, sous l’œil de bergers. Des véhicules blancs de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) passent, à intervalles réguliers, s’assurer que le calme règne dans ces confins méridionaux du pays, au pied du plateau du Golan, occupé par Israël. En surplomb, derrière un haut mur de béton, se découpe la ville de Ghajar, avec ses immeubles colorés. « Avant, j’emmenais mes chèvres près des maisons pour qu’elles s’abreuvent dans la rivière et mangent les pommes des arbres. Le mur encercle désormais totalement Ghajar », raconte Ali Ahmed, un berger du village voisin de Ouazzani.

La construction de ce mur, achevée début juillet 2023, a replacé la bourgade de 3 000 âmes au cœur des tensions entre le mouvement armé chiite Hezbollah et Israël. Ghajar est à cheval entre le Liban et Israël, selon le tracé de la ligne de démarcation – la « ligne bleue » – établi par l’ONU après le retrait israélien du Liban sud, en mai 2000. En enfermant la partie libanaise derrière son mur, Israël viole les résolutions onusiennes, estime la Finul. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a dénoncé une « annexion ». « La terre de Ghajar ne va pas être laissée à Israël, et certainement pas les Fermes de Chebaa et Kfar Chouba », a-t-il martelé le 12 juillet, au jour anniversaire de la guerre de 2006 avec Israël.

Devant le fait accompli israélien, le Hezbollah a installé, dès la fin mai, deux tentes près des Fermes de Chebaa. Les Libanais revendiquent cette région, qui se trouve du côté israélien de la « ligne bleue ». « L’une de ces tentes est au sud de la “ligne bleue”. Des gens y vont et viennent, prennent des photos et utilisent des jumelles », indique Kandice Ardiel, la porte-parole de la Finul, qui pointe une violation des textes onusiens par la partie libanaise. N’y voyant pas une menace directe à sa sécurité, Israël s’abstient d’évacuer la tente par la force. « La situation est calme mais volatile », ajoute Mme Ardiel.

Plaintes aux Nations unies

Des tirs d’artillerie aux infiltrations en passant par les opérations de sabotage de la clôture, les Israéliens dénoncent des « provocations » de plus en plus fréquentes du Hezbollah. Ses militants surveillent la ligne ennemie depuis une trentaine de préfabriqués siglés du logo d’une ONG environnementale, Green Without Borders. Ses unités d’élite Radwan multiplient les parades et les vidéos de propagande, simulant une invasion de la Galilée. « Le Hezbollah a le sentiment que la dissuasion est en sa faveur, et, côté israélien, il y a une volonté de restaurer la dissuasion entamée depuis quelques mois », estime un diplomate occidental.

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