Aux Pays-Bas, le parc d’attractions Efteling tente de déjouer les polémiques

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A 11 heures du matin, en cette belle journée d’été, les parkings grands comme ceux de deux aéroports qui cernent Efteling font le plein. La foule se presse déjà vers le gigantesque hall d’entrée, un chapiteau de bois hérissé de quatre tours effilées, et surmonté d’un toit de chaume, où l’attend un personnel tout sourire, en uniforme bleu, cravate ou foulard orange. On est aux Pays-Bas, où règne la maison d’Orange-Nassau.

Cette escouade salue le visiteur dans toutes les langues et le dirige vers ce très beau parc d’attractions où le public a longtemps retrouvé son esprit d’enfance et cédé, sans se poser de questions, à la poésie des contes : Blanche-Neige, La Belle au bois dormant, Hansel et Gretel, etc. En version originale, non relue en fonction des enjeux contemporains et de la lutte contre les stéréotypes qu’ils sont parfois accusés de véhiculer.

« Féerique » et « enchanteur » sont les deux qualificatifs les plus répandus pour décrire ce lieu de 65 hectares, inauguré en 1952. Pour la majorité des visiteurs rencontrés dans cette région du sud des Pays-Bas, entre Breda et Tilburg, c’est bien ainsi qu’on le raconte au mieux avec ses lacs, ses canaux où nagent des poissons exotiques, ses cinq « royaumes », ses manèges du temps jadis et son petit musée délicieusement suranné.

Ne pas perdre de visiteurs

Efteling, c’est un monde de princesses en robe rose, de chansons folkloriques, d’architectures arabisantes et de pagodes, de « gondolettes » qui voguent paisiblement et de chariots roulants en forme de coquillage. Même les yeux noirs du rapace mythique et géant, « fort comme cent lions », qui dodeline de la tête au-dessus de Vogel Rok (« l’oiseau roc »), une attraction de montagnes russes dans la pénombre, semblent n’effrayer personne.

Les questions liées à l’évolution du monde et de la société néerlandaise, dans la foulée du mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent ») ou de la polémique sur Zwarte Piet, le serviteur noir de saint Nicolas, ont toutefois franchi les grilles du domaine il y a quelques années. Et entraîné des « adaptations », liées autant à l’image que veut offrir la direction du parc qu’à la nécessité de ne pas perdre de visiteurs.

Efteling, à l’origine un complexe sportif et une zone de loisirs, est en effet d’abord une entreprise florissante. Avec ses 5,4 millions de visiteurs annuels (80 % de Néerlandais, 20 % d’étrangers) et ses 3 000 employés, elle est passée d’un projet paternaliste d’inspiration chrétienne au statut d’entreprise très rentable : 266 millions de chiffre d’affaires en 2022, un bénéfice net de 34 millions d’euros pour son actionnaire unique, la Fondation du parc naturel d’Efteling.

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