En Suède, un plan pour lutter contre le recrutement estival des gangs dans les quartiers populaires

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Ils s’appellent Melek, Samira, Aynaz, Lawrence et Dania. Agés de 16 à 17 ans, ils viennent de terminer leur première année au lycée et s’apprêtent à passer l’été à Angered, une banlieue défavorisée du nord-est de Göteborg. Mais ils ne vont pas rester les bras croisés : pendant trois semaines, la mairie les rémunère pour organiser des activités pour les plus jeunes qui ne partiront pas, faisant d’eux des proies faciles pour les gangs, toujours en quête de nouveaux membres.

Cet été encore, la police suédoise redoute une nouvelle vague de recrutements de jeunes par les groupes criminels qui sévissent dans les quartiers populaires. Véritable fléau qui secoue le royaume depuis plus d’une décennie, les affrontements entre bandes rivales sont à l’origine de la majorité des 172 fusillades enregistrées ces dernières années, qui ont déjà fait vingt et un morts et cinquante-trois blessés depuis janvier, et une soixantaine de morts en 2022.

Autour des tables disposées en arc de cercle, dans le local de l’association Save the Children à Angered, Melek et les autres planchent, en petits groupes, sur un exercice. Deux animatrices leur ont demandé de choisir, parmi une vingtaine de droits humains, les deux qu’ils voudraient voir abolis. Si la tâche s’avère impossible, les discussions sont passionnées.

« Ils sont ravis de nous voir »

Ce jour-là, les ados suivent une formation, avant de repartir dans la rue à la rencontre d’enfants désœuvrés. Ils sont quatorze, en plus de trois jeunes un peu plus âgés qui leur servent de mentors. La plupart ont été tirés au sort pour ce job d’été. Trois ont été sélectionnés, sans le savoir, par les travailleurs sociaux qui voulaient garder un œil sur eux pendant les vacances.

Chaque jour, de 13 heures à 18 heures, le groupe se déplace dans Angered, pour toucher le maximum d’enfants. Parmi les activités proposées : matchs de foot et de basket, mais aussi des séances de maquillage, des batailles d’eau quand il fait chaud, une initiation au cirque et des discussions à n’en plus finir. « On a remarqué que la sécurité augmentait dans les endroits où nous nous trouvions », révèle Amanda Boström, une des animatrices chargées du programme.

Pour les ados, c’est une façon de gagner de l’argent et d’avoir une première expérience professionnelle. Les yeux encadrés d’immenses faux cils, Melek Ajnur, 17 ans, prend son rôle au sérieux : « Souvent, les enfants nous attendent et ils sont ravis de nous voir. » Elle vit dans le quartier de Gardsten, à l’ouest d’Angered. Elle se souvient d’étés interminables où il n’y avait rien à faire et les gamins étaient souvent livrés à eux-mêmes. « C’est triste de voir les autres partir en vacances quand vous devez rester », confie Ugbaad Sallah, 19 ans, une des mentors, qui a rejoint le programme il y a quatre ans et veut servir d’exemple aux plus jeunes.

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