Aide humanitaire à la Syrie : Damas reprend la main

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Manifestation au poste-frontière de Bab Al-Hawa (Syrie), après le rejet par la Russie d’une prolongation du mandat du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’aide humanitaire transfrontalière, le 17 juillet 2023.

L’incertitude demeure au Conseil de sécurité des Nations unies à New York sur l’avenir du mécanisme transfrontalier d’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie. Mercredi 19 juillet, la Russie devait tenter de justifier, devant l’Assemblée générale de l’ONU, le veto qu’elle a opposé au renouvellement de ce dispositif, devant le Conseil de sécurité, mardi 11 juillet. C’est pourtant moins le veto de Moscou – une manœuvre récurrente de la part du Kremlin – que son refus de négocier tout compromis après, qui signe la probable fin de ce mécanisme, conçu par l’ONU en 2014. Ce faisant, la Russie replace le sort des 4 millions de Syriens déplacés dans l’enclave rebelle d’Idlib entre les mains du régime Assad.

Car, jeudi 13 juillet, Damas s’est engouffré dans la brèche ouverte par Moscou. Le pouvoir syrien a annoncé la réouverture du point de passage de Bab Al-Hawa, entre le sud de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, rejetée deux jours plus tôt par la Russie. Un véritable coup de théâtre. En permettant aux agences humanitaires onusiennes d’utiliser ce terminal pour une période de six mois, à compter du 13 juillet, « en pleine coopération avec le gouvernement syrien », celui-ci a fait un pas vers la réaffirmation de sa souveraineté sur ce territoire qui lui échappe encore. L’ONU a toutefois jugé « inacceptables » les conditions posées par Damas, à savoir l’interdiction de parler à des « organisations terroristes » et la « supervision » de ses opérations par d’autres organisations. Bab Al-Hawa, par où transite 85 % de l’aide à destination du Nord-Ouest syrien, reste donc pour l’instant fermé.

La France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui figurent parmi les plus généreux bailleurs de fonds cette région, s’inquiètent d’y perdre tout contrôle sur la distribution de l’aide humanitaire. « En rouvrant ce passage, le régime récupère un levier de pression important sur les Nations unies, et aussi sur la zone rebelle d’Idlib, qu’il ne parvient pas à reconquérir », analyse Richard Gowan, chargé de l’ONU au sein du cercle de réflexion International Crisis Group.

« Mille obstacles »

« La Russie et le régime syrien asphyxient à petit feu la population du Nord-Ouest syrien. C’est un exemple flagrant de l’instrumentalisation de l’aide humanitaire à des fins politiques », abonde Marie Forestier, spécialiste de la Syrie à l’Institut européen pour la paix (EIP). A chaque renouvellement du mécanisme transfrontalier, la Russie s’est livrée à une grande opération de chantage diplomatique destinée à réduire la portée de ce dispositif et redonner à Damas le contrôle de l’aide humanitaire.

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