« Il faut un nouveau pacte mondial pour financer l’aide humanitaire internationale »

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Tribune. Le sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, qui s’est déroulé les 22 et 23 juin, était centré sur la notion de « biens publics mondiaux » tels que l’alimentation, l’eau, la santé ou l’éducation, que des chercheurs comme le politiste Bertrand Badie qualifient comme participant d’une « sécurité mondiale globale ».

Les crises humanitaires sont les symptômes les plus visibles et les plus dramatiques de la pauvreté, de la conflictualité, des effets du dérèglement climatique, parfois de la conjonction des différents mécanismes. Réunis dans un atelier consacré au modèle économique de l’aide humanitaire internationale, nous avons posé des éléments d’analyse et fait des recommandations transmises aux décideurs politiques.

Notre diagnostic pointe une situation préoccupante, qui s’aggrave. Les populations concernées par des urgences vitales, souvent durables, ont dépassé le cap de 400 millions de personnes en 2022, selon l’édition 2023 du rapport Global Humanitarian Assistance, publié par l’organisme de recherche Development Initiatives. Plus de 100 millions d’entre elles ont subi des « déplacements forcés ».

Sauver un système de financement à bout de souffle

D’après le Portail sur les données migratoires, un tiers franchira des frontières pour aller se réfugier (au sens de la convention du 28 juillet 1951) dans un autre pays. La grande majorité de ces réfugiés cherchera asile dans un Etat voisin de leur pays d’origine. La traversée des frontières donne alors une dimension régionale à la crise qui les a conduits à fuir, provoquant parfois des tensions économiques et politiques dans les pays d’accueil, souvent fragiles eux-mêmes.

Le modèle de financement pour répondre à ces situations est pourtant chroniquement et largement déficitaire, incapable de réunir les 52 milliards de dollars estimés nécessaires par les Nations unies. Avec l’aide des ONG, 46,9 milliards de dollars auront été finalement mobilisés en 2024. Ceci correspond à une augmentation des dépenses de 27 % depuis 2015. Il faut donc désormais sécuriser des dépenses annuelles autour de 50 milliards de dollars et sauver un système de financement à bout de souffle.

Sans occulter pour autant la nécessité concomitante d’améliorer l’analyse des besoins et l’efficience des acteurs de l’aide internationale. 50 milliards de dollars constituent une somme importante dans l’absolu, mais dont la comparaison avec d’autres données chiffrées relativise les arguments de ceux qui se satisfont de notre incapacité collective à faire face. 50 milliards, c’est le sixième du budget que la nation française consacre à ses « dépenses courantes de santé ». 50 milliards de dollars, c’est l’ordre de grandeur des bénéfices nets réalisés en 2022 par de grandes entreprises privées françaises comme CMA CGM (24,9 milliards), ou étrangères comme Pfizer (31 milliards) ou Exxon Mobil (59 milliards).

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