Mort d’Henry Kamm, grande plume du « New York Times »

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Henry Kamm (au centre) interroge le pape Jean-Paul II, en juillet 1982.

Prix Pulitzer 1978 pour ses reportages en Asie du Sud-Est, Henry Kamm a couvert pendant près d’un demi-siècle la guerre froide, l’Union soviétique, l’Europe de l’Est, les tragédies de l’Afrique et celles de l’Asie du Sud-Est, puis les voyages à travers le monde de Jean Paul II. Il est mort à Paris, le 9 juillet à l’âge de 98 ans.

Polyglotte – parlant un français remarquable –, mélomane et homme d’une grande culture, Henry Kamm savait être à la fois incisif et d’une immense gentillesse, cherchant toujours à donner autant qu’il le pouvait la parole à ceux qui en étaient privés (dissidents, réfugiés…). Sa propre histoire d’adolescent allemand ayant fui le nazisme allait largement guider ses choix journalistiques.

Grand ami de Michel Tatu (1933-2012), futur chef du service étranger du Monde, lorsqu’ils étaient tous deux en poste à Moscou, puis de Jean-Claude Pomonti, qui couvrait alors pour le journal la guerre au Vietnam, Henry Kamm brillait par la limpidité de son écriture, sa rapidité à sentir l’événement et à le replacer dans son contexte historique et une rare capacité à mettre en confiance ses interlocuteurs. Faire des reportages en sa compagnie était toujours une grande leçon de journalisme.

Né Hans Kamm le 3 juin 1925, à Breslau (alors en Allemagne, désormais Wroclaw en Pologne), il doit, à 15 ans, fuir le nazisme avec sa mère. Son père, envoyé au camp de concentration de Buchenwald en 1938 avant d’être libéré un an plus tard à condition de quitter l’Allemagne, avait dû partir au plus vite. Hans et sa mère attendent dans l’angoisse leur visa avant de pouvoir enfin rejoindre en train le Portugal, dans des conditions hasardeuses, d’où ils embarquent pour les Etats-Unis en 1941.

Un baroudeur impénitent

Ayant pris la nationalité américaine en 1943 (il reprendra la nationalité allemande en 2018), Henry Kamm s’engage à 18 ans dans les forces armées américaines et prend part à la libération de la Belgique et de la France. De retour aux Etats-Unis, il bénéficie à sa démobilisation d’une bourse et fait ses études à la New York University puis entre au New York Times comme garçon de bureau.

Il gravit les échelons, jusqu’à devenir l’une des grandes signatures du journal. En 1964, il est nommé correspondant à Paris pour couvrir l’Europe puis, deux ans plus tard, il part pour Varsovie puis Moscou, de 1967 à 1969. Il couvre le « printemps de Prague » (1968) et l’invasion par les forces soviétiques. De retour à Paris, où il aimait vivre, il rayonne à travers l’Afrique subsaharienne et l’Europe.

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