La Russie interdit les transitions de genre

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Les députés russes de la Douma, la chambre basse du Parlement, ont voté à une écrasante majorité en faveur d’une nouvelle législation qui rendrait le changement de sexe illégal. Image diffusée par le service de presse de la Douma, le 14 juillet 2023.

Jusqu’à présent l’un des pays les plus libéraux au monde sur le sujet, la Russie vient d’opérer un changement de cap radical sur les transitions de genre. Le Parlement russe a adopté, vendredi 14 juillet, une nouvelle législation qui interdit tout « changement de sexe » (un terme que les personnes transgenres rejettent) administratif, ainsi que toute intervention médicale – ce qui inclut aussi bien les interventions chirurgicales que les traitements hormonaux.

« Cette décision protège nos citoyens et nos enfants », a assuré Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, évoquant « une tendance monstrueuse qui mène à la dégénérescence d’une nation ». Le texte a été adopté à l’unanimité des députés. Par rapport au projet initial déposé fin mai, d’autres dispositions ont été ajoutées concernant les personnes ayant réalisé une transition de genre depuis 1997 (lorsque cette possibilité est entrée en vigueur) : celles-ci auront interdiction d’adopter ou de prendre sous tutelle des enfants ; les mariages conclus dans le passé par des personnes ayant changé de genre seront annulés.

Ce projet de loi, dont Le Monde avait détaillé le contenu début juin, a reçu un soutien enthousiaste de la classe politique, qui l’a présenté comme une composante de la guerre civilisationnelle, ou « guerre sainte », que Moscou prétend mener en Ukraine. Les transitions de genre ont ainsi été présentées comme une invention occidentale ayant « contaminé » la Russie.

Durant les quelques semaines qu’ont duré les discussions, les personnes transgenres ont ainsi été qualifiées de « traîtres », de « menaces à la sécurité nationale », mais aussi de « membres d’une secte ». Un tel discours a un objectif autant interne – souder la population face à un ennemi terrifiant – qu’externe : il s’agit de rallier les soutiens de Moscou, aussi bien dans cet Occident honni que dans le reste du monde.

Les députés ont notamment mis en avant un chiffre : si, ces dernières années, le nombre de transitions légales oscillait entre 200 et 400, il a atteint 996 en 2022. Il faudrait voir dans cette augmentation le résultat des tentatives de citoyens russes d’échapper à la mobilisation et à l’éventualité d’être envoyé au front, soit « un sabotage de nos capacités de défense », comme l’a qualifié le chef du Comité d’enquête, puissante institution judiciaire.

« Un immense retour en arrière »

Pour les quelques responsables associatifs qui n’ont pas fui la Russie, l’explication de cette hausse est plutôt à chercher du côté des nombreux émigrants qui ont voulu mettre leurs affaires en ordre avant de quitter le pays, après le début de la guerre.

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