Quand Maxence a reçu, mi-juin, son invitation pour le défilé du 14-Juillet à Paris, il n’en croyait pas ses yeux. Un carton à en-tête de la République française : « Une vraie dinguerie », lâche cet adolescent amiénois de 17 ans en levant le nez de son téléphone portable. L’ambiance est joyeuse, il vient de décrocher son bac pro, mention très bien, et raconte, mille mots à la minute, comment il a convaincu ses parents de bousculer le calendrier des vacances familiales pour rejoindre la capitale le jour de la fête nationale. « Ils ont vite dit oui, scotchés que je me retrouve dans l’une des tribunes officielles à côté de celle d’Emmanuel Macron et du premier ministre indien, Narendra Modi, le guest d’honneur. » Les deux nations célèbrent le vingt-cinquième anniversaire de leur partenariat stratégique, Maxence le sait. Depuis quelques mois, l’Inde n’est plus une terre inconnue pour lui. Il s’y est même rendu en avril avec sa classe.
Toute cette « dinguerie » n’aurait pas existé sans un enseignant : Louis Teyssedou, 41 ans, professeur d’histoire au lycée professionnel Edouard-Gand, à Amiens. Ses élèves de la filière « Animation enfance et personnes âgées » travailleront plus tard soit en centres aérés, soit en maisons de retraite. Maxence, lui, veut devenir éducateur sportif. Et l’apprentissage de l’histoire dans tout ça ? « L’histoire, c’est la vie, l’histoire est à portée de main quand on apprend à regarder autour de soi », défend le pédagogue, enclin à sortir des sentiers battus.
Au cours de l’année scolaire 2022-2023, Louis Teyssedou décide de lancer ses terminales sur les traces des soldats indiens venus combattre dans le nord de la France en 14-18. En étudiant cet épisode largement méconnu de la Grande Guerre, les treize lycéens sont allés de découverte en découverte. Des photos d’abord, puis des lettres. Leur enquête les a même conduits jusqu’à New Delhi.
« Ce travail bat en brèche les lieux communs qui feraient de l’histoire l’apanage d’une élite. Grâce à Louis Teyssedou, un hussard de la République, ces lycéens sont devenus de formidables passeurs de mémoire », s’enthousiasme Patricia Miralles, secrétaire d’Etat chargée des anciens combattants. Ses services soutiennent et subventionnent chaque année plus de 800 projets liés à l’enseignement sur la défense et la sécurité nationale. Les bristols envoyés pour le 14-Juillet au professeur d’Amiens, à Maxence et à six autres jeunes ayant participé à la task force indienne, c’est à son initiative.
Un voyage à New Delhi
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