
Ce jeudi 13 juillet, la campagne pour le second tour de l’élection présidentielle au Guatemala du 20 août prochain aurait dû enfin débuter. En effet, le recomptage des votes du premier tour, ordonné par la Cour constitutionnelle à la demande de neuf partis politiques n’entendant pas reconnaître leur défaite face au Movimiento Semilla (« mouvement graine »), un parti progressiste jusque-là marginal sur l’échiquier politique et arrivé deuxième, n’a rien changé au résultat préliminaire, annoncé à l’issue du scrutin du 25 juin.
Le Tribunal supérieur électoral (TSE) a bien confirmé, mercredi 12 juillet, un second tour entre Sandra Torres, de l’Union nationale de l’espoir (UNE, droite), arrivée en tête face à Bernardo Arevalo, du Movimiento Semilla. Cette proclamation officielle des résultats du premier tour donnait donc le coup d’envoi à la campagne, après dix-sept jours d’incertitudes.
C’était compter sans les manigances du « pacte des corrompus », cette alliance informelle de politiciens, d’oligarques et d’entrepreneurs, qui noyaute les institutions du pays, en lien avec le crime organisé, déterminée à conserver le pouvoir et à ne surtout pas courir le risque qu’il passe aux mains du petit parti Semilla, issu de la révolte populaire contre la corruption de 2015.
Ainsi, ce mercredi, juste avant l’annonce du TSE, le parquet, célèbre pour ses multiples croisades depuis quatre ans contre les magistrats anticorruption, les journalistes indépendants et, plus récemment, contre les personnalités politiques, a douché les espoirs des démocrates dans une courte vidéo, publiée sur les réseaux sociaux. Rafael Curruchiche, chef de l’une des délégations du ministère public, le Parquet spécial contre l’impunité (FECI), a annoncé dans cette allocution de deux minutes « une nouvelle affaire de corruption dénommée “Corruption Semilla”, pour laquelle le juge Fredy Orellana a ordonné la suspension du parti politique Semilla ».
Perquisitions au siège de Semilla
Le parquet aurait découvert la falsification de près de 5 000 signatures lors de la création du parti en 2018. Il aurait également repéré un paiement illégal pour récolter ces signatures, ce qui pourrait représenter un crime de blanchiment d’argent, selon Rafael Curruchiche, qui a terminé son discours en montrant le poing et en promettant que « le parquet continuera à veiller à l’application stricte de la loi ». Pourtant, selon les experts en droit constitutionnel aussitôt interrogés par les médias locaux, le juge Fredy Orellana n’aurait jamais pu prendre une initiative, alors que l’article 92 de la loi électorale prévoit précisément qu’un parti politique ne peut être suspendu quand une élection est en cours. « D’autre part, un juge de droit pénal n’a aucune compétence sur la loi électorale, cela relève uniquement du TSE », a souligné l’avocat constitutionnaliste Edgar Ortiz au quotidien Prensa Libre.
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