Quand l’ex-policier argentin Mario Sandoval s’activait avec Jean-Michel Blanquer pour libérer Ingrid Betancourt

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Regard sévère derrière ses lunettes et son masque FFP2, pull bleu marine décoré d’un écusson bleu-blanc-rouge sur l’épaule, gants noirs… Ce 21 septembre 2022, Mario Alfredo Sandoval semble avoir enfilé un uniforme de la police française pour comparaître devant le tribunal de Buenos Aires, où il est jugé pour l’enlèvement et la torture d’un étudiant pendant la dictature argentine, en 1976. C’est une des premières fois que cet ancien policier argentin s’exprime en public. « Je suis un défenseur des droits humains, déclare-t-il. C’est en cette qualité que j’ai participé comme observateur au conflit colombien et que le gouvernement français m’a demandé d’intervenir dans la libération d’Ingrid Betancourt. »

Cet homme accusé d’avoir été un tortionnaire aurait-il aidé la France à tenter de sauver Mme Betancourt, otage des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) entre 2002 et 2008 ? Ses déclarations – explosives – ne provoquent aucune réaction à Paris, ni de l’Elysée ni du ministère des affaires étrangères. Pourtant, Mario Sandoval, qui sera condamné en décembre 2022 à quinze ans de prison – il a, depuis, fait appel –, assure avoir agi « avec tout l’appareil et le soutien » des autorités.

Interrogés par Le Monde, les diplomates français impliqués dans les discussions de paix en Colombie ou pour la libération de la Franco-Colombienne contestent avoir croisé ce dernier lors de ces négociations. « Sandoval, j’en ai entendu parler comme un des noms qui circulent dans la mouvance colombienne, mais pas plus que ça », explique Pierre Vimont, le directeur de cabinet de trois ministres des affaires étrangères successifs. Dominique de Villepin, ministre de 2002 à 2004, fait savoir ne pas le connaître. Idem pour Bernard Kouchner (2007-2010). « On m’a peut-être parlé de lui, mais comme un personnage qui virevoltait à la périphérie », affirme pour sa part Daniel Parfait, ancien ambassadeur à Bogota (2000-2004), directeur des Amériques au Quai d’Orsay (2004-2008) et compagnon de la sœur d’Ingrid Betancourt.

Un chef réputé sanguinaire

Quel rôle cet homme au CV de simple enseignant vacataire dans diverses universités privées et publiques françaises a-t-il joué dans l’affaire Betancourt ? Une certitude : il connaît bien la Colombie. Pour mesurer à quel point, il faut se replacer dans le contexte de la fin des années 1990. Ce pays est alors à feu et à sang. Une guerre qui ne dit pas son nom provoque enlèvements, attentats, massacres et trafics de drogue et d’armes. Les paramilitaires d’extrême droite des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) sont responsables de la majorité des tueries avec la complicité de l’armée. Face à eux, la guérilla marxiste des FARC et les guévaristes de l’Armée de libération nationale.

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