Michel Duclos : « Après l’affaire Prigojine, il serait dangereux de compter sur une sorte de déterminisme dispensant d’accroître le soutien à l’Ukraine »

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Dans l’affrontement entre la Russie et l’Ukraine, soutenue par l’Occident, le temps a-t-il changé de camp ? C’est la leçon que beaucoup de gouvernements tirent de l’équipée du 24 juin des mercenaires de Wagner. Auparavant, il semblait que l’Ukraine et ses alliés risquaient de s’essouffler avant la Russie, même si celle-ci ne pouvait l’emporter de manière décisive sur le terrain.

Désormais, l’impression prévaut que le système Poutine pourrait craquer avant que la volonté et la capacité de repousser l’ennemi ne s’effritent du côté ukrainien. L’affaire Prigojine serait un signe annonciateur de divisions internes au régime de Vladimir Poutine, destinées à s’approfondir si les Ukrainiens tiennent.

C’est peut-être le cas, en effet, mais il serait dangereux de trop compter sur une sorte de déterminisme dispensant les alliés de l’Ukraine de poursuivre et, en fait, d’accroître leur soutien à l’Ukraine. En premier lieu, il est exact que la chance, longtemps la grande alliée du président Poutine, paraît se détourner de lui depuis un fatal 24 février de l’année dernière. La chance, ce n’est pas le hasard ou la providence, mais l’aptitude à avoir les bons instincts au bon moment.

Les atouts du Kremlin

Il reste que le maître du Kremlin dispose encore de beaucoup de cartes – le contrôle des multiples appareils de sécurité, un dosage jusqu’ici habile de répression et de ménagements à l’égard de la population, un maniement hors pair de la propagande – pour surmonter l’épreuve de l’affaire Prigojine. Son aura personnelle sort sans doute ébréchée de l’épisode, mais il peut reprendre la main.

Peut-être d’ailleurs trouvera-t-il un bon usage du rebelle, par exemple, en lui laissant (pour l’instant) la vie sauve en échange d’une mission pour ses sbires de déstabilisation occulte des Etats baltes à partir du Belarus.

Ensuite, et surtout, il faut faire preuve de lucidité sur les atouts des Occidentaux pour faire en sorte que le temps joue vraiment en faveur de l’Ukraine. Ce sont principalement les sanctions et les transferts d’armement. S’agissant des sanctions, on peut constater qu’elles n’ont pas, pour l’instant, un effet décisif : le PIB russe a certes chuté, la privation des investissements et de la technologie des firmes occidentales handicapera beaucoup l’économie russe à l’avenir, mais, pour l’instant, l’inflation a été jugulée, le pouvoir d’achat de la population ne s’est pas effondré, des véhicules chinois ont remplacé, dans les rues de Moscou ou d’ailleurs, les voitures occidentales, les réserves de la banque centrale et du Fonds souverain apparaissent suffisantes pour financer l’effort de guerre.

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