Entre exode urbain et surtourisme : à Amsterdam, la mairie voit rouge

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Peter, un habitant de la rue Weesper, dans le centre de la ville, est en colère. Il s’en prend à la « rage » qui animerait la mairie d’Amsterdam, dirigée par l’élue écologiste Femke Halsema, et à sa « politique des symboles ». Il lui reproche notamment d’avoir placé des bacs de fleurs au milieu de sa rue, avec l’« obsession » d’en chasser les voitures au profit des habitants. « Je suis un habitant ! Mais pas un de ces bobos auxquels il faudrait, selon les Verts et leurs amis, “rendre la ville” », fulmine Peter, attablé dans un bruine kroeg, un bistrot de quartier.

Le lendemain, l’affaire de la rue Weesper fait la « une » de Het Parool, le quotidien d’Amsterdam. Des ambulanciers et des pompiers qui se rendaient sur un sinistre ont été arrêtés par les bacs de fleurs, qu’ils ont dû déplacer. L’adjointe à la mobilité est désormais sommée par l’opposition de rendre un rapport quotidien sur les entraves à la circulation dans la capitale. Peter exulte : « On va gagner et on va aussi gagner la bataille pour De Wallen ! »

Proche de sa rue, qui la borde à l’ouest, cette zone dite des « remparts », longtemps enclose, couvre environ 6 000 mètres carrés dans la partie la plus ancienne de la capitale néerlandaise. Aujourd’hui, elle est au cœur d’une polémique entre ses habitants, la mairie et les travailleurs du sexe, qui ont assuré sa renommée. Sans compter les autres citoyens de la ville, qui semblent tous avoir un avis quant à son avenir.

Un million d’habitants, dix-huit millions de touristes

En 2008, des prédécesseurs de Mme Halsema ont rebaptisé De Wallen et l’ont transformée en une marque mondiale : The Red Light District, « quartier chaud », « quartier rouge » comme les tubes au néon qui éclairent les vitrines exposant des centaines de prostituées. Sur le plan touristique, le succès a été éclatant : en 2022, dix-huit millions de touristes sont venus à Amsterdam – qui compte aujourd’hui un peu moins d’un million d’âmes. Et la grande majorité ne voulait évidemment pas manquer le défilé le long des canaux et des ruelles une fois le soir venu.

Désormais, la maire et ses adjoints, socialistes et libéraux de gauche, veulent mettre le holà à ce qu’ils appellent le « surtourisme », que les voyages à bas coût et le phénomène Airbnb ont encouragé. Trop de monde, trop de bruit, trop d’incivilités, pas assez de préoccupation pour les quelque dix mille habitants que compte la zone, où l’on pourrait, selon les autorités, attirer de nouveaux venus à condition de la réformer et de la sécuriser davantage.

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