
Plus d’un an après le début de la guerre en Ukraine, et malgré l’envoi massif, depuis février 2022, d’équipements militaires à Kiev, les alliés de l’OTAN butent toujours sur une question épineuse : la coordination de leurs efforts, à plus long terme, sur le flanc est de l’Europe, en particulier dans le domaine terrestre. Alors que doit se tenir, les 11 et 12 juillet, le sommet annuel de l’Alliance atlantique, à Vilnius, la question des plans militaires de l’OTAN devrait être l’un des principaux sujets de discussion.
Il y a un an, au sommet de Madrid, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, avait fait pression pour que soit annoncé l’objectif de doter l’Alliance d’une force de réaction rapide d’au moins 300 000 hommes bien entraînés, contre 40 000 soldats à la préparation jusque-là aléatoire. L’idée était d’amener les Européens à être en mesure de fournir au moins la moitié des effectifs nécessaires à leur défense, si les Etats-Unis étaient occupés dans l’Indo-Pacifique contre la Chine. Mais, un an plus tard, la concrétisation de cette ambition apparaît toujours très incertaine.
Même si les alliés devraient tout faire, à Vilnius, pour donner le change, « les changements ont été jusqu’à présent modestes », résume une étude approfondie de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) publiée fin juin. D’après l’IISS, le nouveau « modèle de forces » de l’OTAN, élaboré ces derniers mois, comporte un premier échelon de 100 000 soldats, susceptibles d’être déployés en dix jours, un deuxième échelon de 200 000 hommes, mobilisables en un mois, et un dernier échelon de 500 000 militaires qui devraient être prêts sous six mois. « Mais la question cruciale est de savoir si les alliés sont sérieux cette fois-ci, contrairement à l’après-2014 », après l’annexion de la Crimée par la Russie, pointe l’IISS.
Frein dans certains états-majors
Plus de 30 000 soldats sont aujourd’hui prépositionnés sur le flanc est. A ces forces terrestres s’ajoute l’ensemble des avions et navires déployés sous le commandement de l’Alliance. Ces troupes sont principalement intégrées aux bataillons créés en 2014 dans les pays baltes et en Pologne, puis à ceux qui ont été ajoutés en 2022 en Bulgarie, en Roumanie, en Hongrie et en Slovaquie. Mais le passage à la vitesse supérieure, en matière d’effectifs, bloque au sein d’un certain nombre d’états-majors.
La France, par exemple, dispose d’un bataillon d’un millier de soldats en Roumanie, dotés notamment d’une dizaine de chars Leclerc. Parmi ces hommes, un petit tiers est destiné au fonctionnement du système de défense aérienne Mamba, en bord de mer Noire. L’OTAN aimerait que ces effectifs passent au niveau brigade (environ 4 000 hommes). Mais, pour l’instant, la France n’a déployé sur place qu’un état-major de brigade d’une dizaine de personnes.
Il vous reste 57.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.