
Quelque vingt millions d’Ouzbeks sont appelés, dimanche 9 juillet, à élire leur président lors d’un scrutin anticipé à l’issue duquel le dirigeant sortant, Chavkat Mirzioïev, devrait aisément être reconduit pour la troisième fois à la tête du pays le plus peuplé d’Asie centrale.
Les quelque 10 000 bureaux de vote, qui doivent fermer à 20 heures, heure locale (17 heures, heure de Paris), ont ouvert à 8 heures, après qu’a retenti l’hymne ouzbek, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) à Tachkent, la capitale.
Cette présidentielle a été convoquée par M. Mirzioïev dans la foulée du référendum constitutionnel, adopté par plus de 90 % des électeurs de ce pays riche en gaz et qui jouit d’une position stratégique car il est frontalier de tous les autres Etats d’asie centrale, dont l’Afghanistan.
Devant consacrer le projet de « Nouvel Ouzbékistan » plus juste, mantra du président affiché partout dans cette ex-république soviétique, le scrutin du 30 avril a également validé le passage du quinquennat au septennat et autorise Chavkat Mirzioïev à se représenter pour deux mandats supplémentaires. Des mesures qui permettent au dirigeant de 65 ans de rester théoriquement au pouvoir jusqu’en 2037 en Ouzbékistan, après des larges victoires lors de scrutins critiqués par les observateurs internationaux pour leur manque de réelle concurrence.
Forte croissance démographique
Une issue positive du vote fait peu de doute pour dirigeant sortant, qui fait face à trois candidats quasi inconnus du grand public.
« Ce sont mes premières élections, je vais voter pour Chavkat Mirzioïev, car je veux qu’il y ait plus de perspectives pour la jeunesse et d’endroits pour étudier », espère Milana Iouldacheva, 18 ans, rencontrée par l’AFP à Krasnogorsk, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, Tachkent. Une demande qui fait écho à l’une des promesses du président sortant, qui assure vouloir ouvrir « 500 000 nouvelles places chaque année pour étudier ».
Quant à Roussibou Guibadoullina, vendeuse de rue, elle aimerait « demander au président candidat Mirzioïev que la jeune génération puisse se reposer dans des camps de vacances l’été, comme sous l’Union soviétique », dans cette ancienne cité minière où une fresque murale des années cinquante à la gloire de l’URSS est visible sur un immeuble de la place principale.
Car, dans ce pays à majorité jeune avec une forte croissance démographique, les difficultés économiques persistent malgré les progrès, avec de nombreux Ouzbeks devant se rendre en Russie pour nourrir leurs familles.
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Couvreur de 64 ans et habitant de Krasnogorsk, ancienne cité minière, Abdouali Nourmatov attend du président qu’il règle les « problèmes de gaz et d’électricité », après l’hiver 2022, marqué par des coupures à répétition, Chavkat Mirzioïev assurant vouloir y mettre fin.
Politique d’ouverture à l’international
A l’international, l’objectif affiché de M. Mirzioïev est de poursuivre sa politique d’ouverture afin d’attirer des investissements étrangers, en rupture avec le quart de siècle d’isolement de l’Ouzbékistan sous Islam Karimov, dont il était le premier ministre. Mais, en interne, le paysage politique n’a que peu évolué, avec seulement cinq partis autorisés, tous soutenant peu ou prou la politique présidentielle.
Et ce scrutin ne fait pas exception, avec un immense favori bien que les programmes et affiches, en ouzbek et en russe, soient répartis de façon équitable entre les candidats. Une formule déjà éprouvée lors les scrutins dans les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale et pointé du doigt par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe qualifiant la campagne de « discrète, reflétant l’absence d’opposition au président sortant ».
Et des ONG ont critiqué la répression de rares manifestations contre un amendement constitutionnel en juillet 2022 dans le nord du pays, ayant fait vingt et un morts, selon le bilan officiel.