La Biélorussie, une menace relative pour les Occidentaux

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Le camp de l’armée biélorusse près du village de Tsel où la Russie pourrait accueillir Wagner, au sud-est de Minsk, en Biélorussie, le vendredi 7 juillet 2023.

A l’approche du sommet de l’OTAN, qui doit rassembler à Vilnius, les 11 et 12 juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement des 31 alliés, ainsi que les dirigeants de la Suède et de l’Ukraine, tous les regards se tournent vers la Biélorussie, voisine de la Lituanie. Minsk est à moins de 200 kilomètres à vol d’oiseau de la capitale balte.

L’Etat biélorusse, allié de la Russie et dirigé d’une main de fer depuis près de trente ans par Alexandre Loukachenko, ne cesse d’inquiéter. A Vilnius, les services secrets sont sur leur garde. « Nous craignons que, pendant le sommet, la Biélorussie ne soit tentée d’agiter le chiffon rouge de l’arme nucléaire pour perturber l’événement, en faisant mine de procéder à des essais, confie au Monde le numéro deux du service de renseignement lituanien (VSD). Nous savons que ce n’est qu’une posture, mais ils savent que cela peut faire peur. » De même, ajoute cette source, « des informations nous permettent de redouter une vaste cyberattaque. Sur le terrain de la désinformation, Moscou et Minsk alimentent depuis des semaines l’idée que ce sommet de l’OTAN décidera des plans d’invasion de leurs pays respectifs ».

Ces menaces s’ajoutent aux conséquences de la rébellion avortée de la milice Wagner d’Evgueni Prigojine, le 24 juin. Les dirigeants baltes et polonais ont, depuis, multiplié les déclarations inquiètes face à l’arrivée de ces paramilitaires sur le sol biélorusse. Pour d’autres, cependant, la prudence prédomine. « Nous avons assisté à des préparatifs pour accueillir les forces de Wagner », indiquait, jeudi 6 juillet, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, mais « nous n’en avons pas encore vu arriver sur le sol biélorusse ».

Potentiel militaire mesuré

« Loukachenko pourrait intégrer ces troupes dans ses propres services de sécurité et les utiliser pour se livrer à des provocations aux frontières, comme il le fait depuis des années », anticipe Artyom Shraibman, chercheur au centre de réflexion Carnegie Russia Eurasia Center. En 2021, un an après sa réélection frauduleuse à la présidence biélorusse, il avait orchestré une crise migratoire aux frontières de l’Europe pour faire pression sur elle, en envoyant des migrants venus principalement du Moyen-Orient vers la Pologne, la Lituanie et la Lettonie. Face au risque d’une nouvelle tentative de déstabilisation, Varsovie et Vilnius ont déjà annoncé avoir renforcé la sécurité à leur frontière.

En engageant ces attaques qualifiées d’« hybrides » par l’Union européenne, la Biélorussie a recours à ses moyens limités. Même renforcé par les mercenaires de Wagner, le potentiel militaire biélorusse reste mesuré. Selon le centre de réflexion britannique International Institute for Strategic Studies (IISS), son armée disposait en 2022 de moins de 50 000 hommes, dont seulement 11 700 au sein de ses forces terrestres. Une capacité bien trop faible pour envisager d’attaquer l’Ukraine et a fortiori les pays baltes, qui bénéficient de la protection de l’OTAN. A titre de comparaison, la Pologne aligne à elle seule quelque 115 000 hommes dans son armée.

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