Gonflé à l’hélium, le palladium a longtemps volé de record en record. Décrochant régulièrement la médaille de la matière première bondissant le plus haut sur un an. En mars 2022, point d’orgue de son ascension stratosphérique, le métal pulvérisait son record, à 3 442 dollars (3 233 euros) l’once. Le palladium au summum. Depuis, le vent a tourné, et la baudruche a commencé à se dégonfler inexorablement.
Fin 2022, la cotation passait sous la barre des 2 000 dollars l’once. Aujourd’hui, elle s’approche des 1 130 dollars. Soit un repli de près de 40 % depuis le 1er janvier. Le palladium a quitté le podium. Il avait soufflé à l’or, lors de son irrésistible ascension, son titre de métal le plus précieux, mais le métal jaune a retrouvé sa couronne. Il l’a décrochée, début janvier, au moment de tirer les rois. Depuis, il ne l’a plus quittée et elle semble pour l’heure bien arrimée. L’once d’or a même tutoyé, fin octobre, la barre des 2 000 dollars l’once. Les tensions au Proche-Orient ont fait chauffer le métal jaune.
En mars 2022, c’était aussi la géopolitique qui propulsait le palladium vers son record historique. Et pour cause. L’invasion de l’Ukraine par les troupes russes dirigées par Vladimir Poutine avait enflammé les salles de marché. La Russie est, en effet, le premier pourvoyeur, avec près de 40 % des volumes mondiaux, de ce métal qui a fait la fortune de Vladimir Potanine, le patron du plus gros producteur mondial de palladium, MMC Norilsk Nickel PJSC. La crainte de difficultés d’approvisionnement liées aux sanctions avait alimenté la spéculation. Finalement, la fièvre est retombée, les flux commerciaux n’ont pas été coupés, et le métal a continué de circuler.
« Les marchés ont changé d’optique »
Aujourd’hui, c’est l’état de l’économie mondiale qui souffle le chaud et le froid. « Les marchés ont changé d’optique en se focalisant sur la situation macroéconomique, et le palladium partage une histoire commune avec les métaux industriels. Il est fortement dépendant de la demande des entreprises », souligne Yves Jégourel, codirecteur du rapport CyclOpe et spécialiste des matières premières. L’essoufflement de l’économie chinoise pèse lourd sur les cours. Le palladium n’échappe pas à cette baisse de régime.
Le palladium est aussi confronté à son concurrent le platine. Tous deux se disputent les faveurs de l’industrie automobile. Une pincée de ces matériaux se glisse dans les pots d’échappement pour filtrer les émissions polluantes des moteurs à essence. Même si le renforcement des législations environnementales a rendu ces composants stratégiques, les constructeurs ont toussé quand la facture s’est envolée. Et le platine, moins coûteux, a concurrencé le palladium.
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