Une étoile rouge, lointain symbole du passé soviétique du Kazakhstan, est toujours fichée en haut du chevalement assurant la descente et la remontée des ouvriers de la mine de charbon de Kostenko exploitée par ArcelorMittal. Mais 46 mineurs n’en sont pas remontés vivants, samedi 28 octobre, victimes d’un coup de grisou et de l’incendie qui s’est ensuivi. Ce lourd bilan fait de l’accident le plus meurtrier de l’histoire de ce pays recélant d’importantes ressources naturelles (pétrole, gaz, uranium, charbon, fer, or…), très convoitées par les multinationales, notamment ArcelorMittal pour le fer et le charbon, TotalEnergies pour les hydrocarbures et Orano pour l’uranium.
Le drame a poussé le président de la République kazakhe à décréter une journée de deuil national, dimanche 29 octobre, et surtout à annoncer le départ du groupe de l’Indien Lakshmi Mittal. Kassym-Jomart Tokaïev rejette toute la responsabilité de l’accident sur « la pire entreprise de l’histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement ». L’Etat kazakh a signé un accord préliminaire pour prendre le contrôle d’ArcelorMittal Temirtau, la filiale locale du géant mondial de l’acier, soldant ainsi une présence remontant à 1995. Le groupe sidérurgique et minier a précisé, lundi, qu’il s’engageait à réaliser l’opération dans les meilleurs délais pour réduire les perturbations de production liées à ce départ. Au même moment, le cours de son action chutait de plus de 4 % à la Bourse d’Amsterdam.
L’opinion kazakhe n’accepte pas ces accidents miniers dans un pays où les hydrocarbures et les minerais restent l’épine dorsale de l’économie. Cinq morts à la mine de Chakhtinsk en août 2022, cinq décès supplémentaires à la mine Lénine trois mois plus tard. Le lieu même où s’était produite, en 2006, la plus grave catastrophe minière du pays (41 morts) jusqu’à l’accident du 29 octobre. Au total, quelque 200 personnes auraient perdu la vie sur les sites d’extraction kazakhs depuis l’indépendance du pays.
Un départ à 500 millions d’euros
L’Etat accuse le groupe sidérurgique basé au Luxembourg de ne pas avoir appliqué toutes les règles de sécurité et d’exploiter des installations vétustes. Ce dernier affirme au contraire qu’il avait amélioré la situation ces dernières années. Le cadre général est fixé par la convention de 1995 sur la sécurité et la santé dans les mines de l’Organisation internationale du travail. Un texte qui prévoit que « l’employeur devra être tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer ou réduire au minimum les risques » : salubrité de l’air et ventilation adéquate, entretien des structures, stabilisation des terrains, prévention des explosions et des incendies, inspections périodiques…
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