
C’était une figure historique de Force ouvrière (FO), le syndicat auquel elle avait donné toute sa vie, avec un dévouement et une générosité sans faille, révoltée par la misère et animée par la volonté de « tirer vers le haut ceux qui sont en bas ». Secrétaire confédérale de FO de 1974 à 1996, Paulette Hofman est décédée, à la suite d’une multitude de problèmes de santé, le 4 septembre, à son domicile parisien, quelques jours avant ses 92 ans.
Ces derniers mois, elle confiait à ses rares visiteurs sa volonté de « partir ». « Je n’en peux plus », disait-elle, sans jamais se plaindre. Elle faisait sienne la formule du général Charette, « fatigué souvent, déçu quelquefois, découragé jamais ». « Hospitalière dans son cœur, militante dans ses tripes, a réagi Jean-Claude Mailly, ancien secrétaire général de FO, c’était la grande dame de la négociation collective. »
Née le 10 septembre 1931 à Wattignies (Nord) dans une famille ouvrière, Paulette Hofman habite une maison près des courées où s’alignaient des logements minuscules. Elle découvre la pauvreté. « Les maisons étaient les mieux tenues possibles, avec du sable blanc jeté sur le carrelage, racontait-elle. C’est là que j’ai appris la solidarité. » Elle commence à travailler en 1947 et entre, en 1952, au centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille, comme secrétaire médicale.
« J’ai eu la chance, se souvenait-elle, de tomber sur un patron pneumologue qui m’a tout appris », veillant à ce que, riche ou pauvre, un malade soit entouré, suivi, soutenu, « à égalité ». Elle ne supporte pas de voir souffrir et encore moins mourir des enfants. « J’ai eu la rage de l’impuissance et je l’ai toujours », confiait-elle. En 1964, elle rejoint les cadres hospitaliers, et, en 1970, la direction des affaires médicales. Elle rencontre un professeur de médecine qui sera son grand amour mais décédera prématurément. A FO, elle gardait sa photo sur son bureau.
Forte personnalité
Le 1er septembre 1952, Paulette Hofman, femme de gauche non encartée, amie du socialiste Pierre Mauroy, adhère à FO. En 1974, au congrès de Toulouse, elle entre au bureau confédéral et prend en charge la négociation collective, les femmes, la politique familiale, les salaires, le logement social, le handicap – elle préside de 1986 à 1991 l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des handicapés – et les conditions de travail.
Dotée d’une forte personnalité, Paulette Hofman ne se « laisse pas marcher sur les pieds ». Avec fermeté, elle tient tête au patronat, mais aussi à ses secrétaires généraux, André Bergeron, puis Marc Blondel, et aux quelques « machos » qu’elle côtoie à FO. Célibataire, fumeuse et bonne vivante, elle vit avec sa mère, Blanche, qu’elle adore. Si elle s’insurge contre les effets de la crise – « Avant on négociait pour avancer, maintenant on négocie pour ne pas reculer » –, elle signe en novembre 1989 un accord sur les conditions de travail. « Force ouvrière, affirme-t-elle, ne peut admettre, même en période de crise, que (…) la vie des salariés serve de monnaie d’échange aux impératifs de la compétitivité et de la productivité. »
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