A La Clusaz, les recours en justice à l’origine de la suspension du projet contesté de retenue d’eau

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Le campement de certains opposants au projet de retenue d’eau dans les bois de la Colombière, à La Clusaz (Haute-Savoie), le 20 octobre 2022.

La nouvelle était jusque-là restée totalement confidentielle au niveau local, et elle n’en a que plus surpris. Le maire de La Clusaz, Didier Thévenet (sans étiquette), a annoncé, mardi 5 septembre, d’abord au quotidien local Le Dauphiné libéré, que son conseil municipal, réuni le 17 août en séance privée, avait décidé d’un moratoire sur le projet de retenue d’eau du bois de la Colombière. Contesté depuis plus de deux ans, ce projet, suspendu en référé par le tribunal administratif de Grenoble en octobre 2022, prévoyait une bassine de 148 000 mètres cubes, l’équivalent de six terrains de football, pour un budget de 10 millions d’euros. Les deux tiers de sa capacité devaient être consacrés à la production de neige de culture, le reste à l’alimentation en eau potable.

Dans un communiqué envoyé à la presse, l’édile a ensuite ajouté que cette décision ne valait pas abandon à ce stade : les travaux préliminaires ne seront pas lancés « tant que la décision judiciaire sur le fond de l’affaire ne sera pas rendue » par la justice administrative, ce qui n’est pas envisagé avant plusieurs mois, voire plusieurs années. « Je ne peux pas engager un montant de 10 millions d’euros dans la retenue, alors que nous ne savons même pas, et à quelle échéance, si nous pourrons mettre la moindre goutte d’eau dedans », a-t-il regretté, estimant, en outre, que « la jurisprudence n’est pas fixée en matière de dérogation aux espèces protégées ».

« Décision sage et réaliste »

Du côté des opposants à cette retenue d’eau, outre la surprise, domine le soulagement. Dans un communiqué commun, les associations « saluent la décision sage et réaliste prise par le conseil municipal », France Nature Environnement Haute-Savoie (FNE74) précisant, de son côté, espérer que cette décision sera « pérennisée ». « Economiquement, c’était très dur pour la mairie de poursuivre sur la même voie, considère Corentin Mele, chargé de mission eau à la FNE74. Ecologiquement aussi, parce que tous les signaux sont aujourd’hui au rouge. »

Lire aussi le reportage (2022) : Article réservé à nos abonnés A La Clusaz, une ZAD contre la neige artificielle

Alors que la communication est depuis longtemps rompue avec les élus de la mairie, le collectif local Fier-Aravis veut rester vigilant. « Nous demandons que tous les habitants soient sollicités pour prendre part, s’ils souhaitent s’investir, à une concertation globale sur l’avenir du territoire », écrivent-ils dans un communiqué. « Le territoire mérite cet apaisement, abonde le collectif Sauvons Beauregard. Gageons que nous puissions mettre en place une coopération de tous les acteurs du territoire afin que les Aravis deviennent le symbole d’une transition possible.  »

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