Le distributeur français Casino a publié, jeudi 27 juillet, de mauvais résultats semestriels, à la suite desquels le groupe a demandé la suspension de son action en Bourse dans l’attente d’un accord sur la restructuration de sa dette et la validation d’un plan de reprise par les hommes d’affaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière.
Le groupe aux 200 000 salariés, dont un quart en France, a annoncé avoir réalisé une perte nette de 2,23 milliards d’euros au premier semestre 2023, du fait notamment de dépréciations, contre 259 millions d’euros un an plus tôt. Il a aussi averti que « la situation présente à date une incertitude » quant à sa capacité « à poursuivre son exploitation », « compte tenu des étapes juridiques restant à franchir pour mettre en œuvre la restructuration financière » sur laquelle il planche depuis des mois dans le cadre d’une procédure amiable de conciliation sur sa dette.
Le groupe avait donné, le 18 juillet, son feu vert à l’offre de recapitalisation et de restructuration de sa dette présentée par les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds d’investissement britannique Attestor. Cette offre prévoit notamment l’apport de 1,2 milliard d’euros d’argent frais ainsi qu’une forte restructuration de la dette – toutefois un peu moins importante qu’attendu. Les créanciers du groupe doivent donner leur accord à la proposition.
Les candidats à la reprise comptent céder les activités du groupe en Amérique latine, notamment au Brésil, pour lesquelles travaillent les trois quarts des salariés du groupe. Lors d’un point de presse téléphonique jeudi matin, le directeur financier de Casino, David Lubek, s’est dit « confiant » quant à la possibilité de trouver un accord d’ici à la fin de la journée. « Il y a un intérêt commun [à le faire] », a-t-il estimé.
Nécessité d’aller vite
Si un accord de principe est bel et bien entériné, Casino prévoit ensuite de soumettre le plan à l’approbation de ses actionnaires actuels – dont le poids sera considérablement réduit, à commencer par l’actuel PDG, Jean-Charles Naouri, – « au plus tard » le 30 septembre, pour une restructuration de sa dette attendue d’ici à la fin de l’année.
Pour Daniel Kretinsky, le plus tôt sera le mieux, car l’activité commerciale du groupe est en grande souffrance. Les ventes du groupe ont baissé sur le premier semestre 2023, de 11,45 milliards d’euros en 2022 (chiffre retraité après la cession de l’enseigne brésilienne Assai) à 10,96 milliards d’euros (– 4,2 %), dans un contexte de forte inflation alimentaire qui gonfle les chiffres d’affaires des supermarchés.
Casino met notamment ce recul du chiffre d’affaires sur le compte de baisses de prix de l’ordre de 10 % dans ses supermarchés et hypermarchés français, décidées après une année 2022 où le groupe avait gardé un positionnement de prix plus élevé que la concurrence. Sa perte nette est le fait « principalement » de « pertes opérationnelles de Casino France » d’une part et, d’autre part, et des dépréciations d’actifs.