« Face aux deux bombes sociale et climatique, il y a urgence à changer de politique du logement »

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Nous fonçons droit dans le mur, le gouvernement le sait et, pourtant, il n’agit pas ! Ses conclusions des travaux du Conseil national de la refondation pour le logement, annoncées le 5 juin, sont une véritable déception pour les acteurs du logement social et les 4,15 millions de personnes en situation de mal-logement.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « Le mal-logement et la pauvreté n’ont pas leur place dans le code pénal »

La situation de l’accès au logement est de plus en plus alarmante, l’exclusion par le logement s’installe dangereusement dans notre pays, et la crise du logement provoque des drames humains. Pourtant, ce gouvernement ne propose rien pour relancer la production de logements sociaux qu’il a largement contribué à faire chuter depuis six ans. Il n’y a absolument aucune impulsion pour la politique du logement en France.

Le président de la République, Emmanuel Macron, poursuit ainsi son entreprise idéologique de démantèlement du logement social, engagée lors de son premier quinquennat avec la réduction du loyer de solidarité (RLS) – qui fait compenser par les bailleurs sociaux la baisse des aides personnalisées au logement (APL) appliquée aux locataires –, la hausse de la TVA de 5,5 % à 10 % en 2018 et la fin de la contribution de l’Etat au Fonds national des aides à la pierre. Ces mesures représentent aujourd’hui un coût de 2,5 milliards d’euros par an pour les organismes de logement social.

Le pire est à venir

Le résultat, c’est une baisse de 23 % des constructions de logements sociaux agréés entre 2016 et 2022, conduisant à une véritable embolie du système : 2,42 millions de ménages sont actuellement en attente d’un logement social en France. Le parc social, auquel 65 % de la population est éligible, voit sa vocation se resserrer vers l’accueil des publics les plus fragiles. Les travailleurs et travailleuses de première ligne, acclamés durant la crise liée au Covid-19, ne parviennent plus à se loger dans les zones tendues.

Mais le pire est à venir. Avec la forte hausse des coûts de construction, du foncier, les mises en chantier sont en train de s’effondrer. Le modèle du logement social s’est écroulé, et les bailleurs sociaux sont tentés de limiter les nouvelles opérations compte tenu de leur coût de revient et du niveau de fonds propres nécessaires.

Ces décisions auront des répercussions pour plusieurs années, créant une véritable « bombe sociale » à retardement, comme l’a reconnu lui-même le ministre délégué chargé de la ville et du logement, Olivier Klein, sans pour autant en tirer les conséquences.

L’autre bombe est climatique. Dans son dernier rapport, le Haut Conseil pour le climat observe que le rythme actuel de rénovation énergétique du parc résidentiel est très insuffisant et appelle à des investissements massifs dans ce secteur. Le parc social, nettement moins énergivore que le parc privé, peut être une tête de pont de la transformation énergétique globale de nos logements, mais cela demande des moyens.

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