Le conseil d’administration du groupe Casino a décidé, lundi 17 juillet, de poursuivre les négociations sur l’offre d’apport en fonds propres de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky et du Français Marc Ladreit de Lacharrière, annonce le distributeur stéphanois dans un communiqué.
Le conseil d’administration de Casino, « sur recommandation unanime de son comité ad hoc regroupant la quasi-totalité des administrateurs indépendants, a décidé de poursuivre les négociations avec EP Global Commerce a.s. [un des véhicules d’investissement de Daniel Kretinsky], Fimalac [holding de Marc Ladreit de Lacharrière] et Attestor », selon le communiqué.
Les candidats avaient jusqu’au 14 juillet à 21 heures pour déposer une offre de reprise améliorée. Le trio d’hommes d’affaires Xavier Niel, Matthieu Pigasse (tous deux actionnaires à titre individuel du groupe Le Monde) et Moez-Alexandre Zouari, qui avaient candidaté dans un premier temps, ont annoncé dimanche soir « ne pas remettre d’offre », évoquant « une situation financière plus dégradée que prévu ». Ils ont aussi affirmé se sentir trahis par un processus « biaisé », accusant Casino d’avoir « visiblement déjà choisi son repreneur ». 3F, la holding par laquelle le trio comptait reprendre le distributeur en difficulté, accuse aussi le fonds d’investissement Attestor d’avoir contribué à l’offre concurrente « tout en continuant à participer » à ses propres réunions.
L’offre de Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière a été « un peu modifiée » afin de s’assurer du soutien de davantage de créanciers de Casino, a déclaré dimanche le milliardaire tchèque au journal Les Echos. Avant de prendre le contrôle du groupe aux 200 000 salariés, le duo de milliardaires et Attestor doivent en effet encore convaincre les créanciers composés de grandes banques françaises et européennes, fonds d’investissement ou acteurs institutionnels, à qui une présentation de « l’offre révisée reçue le 15 juillet » par Casino a été faite lundi. « Nous espérons par ailleurs que les banques françaises sont plutôt d’accord avec notre proposition qui répond à toutes les demandes de la société », a expliqué Daniel Kretinsky aux Echos.
Un endettement de 6,4 milliards d’euros
Le plan prévoit désormais l’injection de 1,2 milliard d’euros d’argent frais dont plus de 900 millions d’euros émanant du duo, contre 1,35 milliard dans la proposition initiale. Le milliardaire tchèque a aussi fermé la porte au patron historique de Casino, Jean-Charles Naouri, actuel propriétaire du groupe mais qui ne le sera plus au terme de l’opération, quel qu’en soit le dénouement.
Casino avait annoncé que « les offres révisées reçues feront l’objet d’un examen par le comité ad hoc du conseil d’administration puis d’une présentation aux créanciers du groupe, sous l’égide des conciliateurs et du CIRI », le comité interministériel de restructuration industrielle, un service de Bercy qui se penche sur les entreprises en difficulté financière. Le groupe s’était fixé le 27 juillet comme date butoir pour trouver un accord de principe avec ses principaux créanciers sur son écrasant endettement, annoncé à 6,4 milliards d’euros à la fin de 2022. La procédure amiable de conciliation ouverte fin mai peut durer jusqu’à cinq mois.
Kretinsky, 48 ans et dont la fortune s’élève à 9,7 milliards de dollars (environ 8,6 milliards d’euros) selon Forbes, a commencé à investir en France en 2018. Il détient des participations dans des médias (Libération, Marianne…), la distribution (Fnac Darty), l’édition (Editis, accord conclu en juin) et l’industrie (essentiellement dans l’énergie).