Sortir du travail, passer à la garderie pour récupérer les enfants et aller faire quelques courses. Une fin de journée banale, mais qui, il y a un an, était un parcours du combattant pour Céline Himmer, 38 ans. Fraîchement divorcée, sans emploi, cette habitante de Mantes-la-Jolie (Yvelines) se retrouve, en 2021, avec trois enfants à charge, sans autre moyen de transport que le réseau de bus de la ville et la ligne J du Transilien. « Ce qui devait me prendre trente minutes, comme un rendez-vous chez le médecin, j’y consacrais ma journée », se rappelle-t-elle.
Céline Himmer rêve de mettre un terme à sa carrière de vendeuse pour devenir secrétaire médicale. Mais, pour cela, encore faut-il pouvoir suivre la formation en se rendant plusieurs fois par semaine à Poissy, à 30 kilomètres de chez elle. Elle épluche les petites annonces de voitures bon marché publiées sur Leboncoin. « Avec mon budget, je ne trouvais que des épaves ou des annonces louches. »
Sa conseillère Pôle emploi lui parle alors du Club Mobilité, une entreprise solidaire d’utilité sociale cocréée, en 2015, par Action tank entreprise et pauvreté, le Groupe Renault, l’Association pour le droit à l’initiative économique, spécialiste du microcrédit, et la Caisse d’épargne. Cette initiative permet à des demandeurs d’emploi, exclus du marché des voitures neuves, de souscrire à une location longue durée avec option d’achat (LOA). Bénéficiaire du programme depuis mars, Céline Himmer paye 70 euros par mois (sur trois ans, avec une option d’achat à 8 000 euros) pour une Dacia Spring (électrique). Grâce à sa nouvelle voiture, elle a décroché un contrat d’apprentissage dans un laboratoire d’analyse médicale.
« La clé vers l’emploi »
« Une frange de la population n’a pas accès au leasing, car les banques considèrent que ces personnes ont un revenu trop faible, à un instant T, pour être solvables. A contrario, l’approche que l’on privilégie est celle du microcrédit, qui implique de prendre en compte les revenus futurs que la personne touchera grâce à sa nouvelle voiture, car la mobilité est la clé vers l’emploi », explique Nicolas Douziech, chef de projet pour Le Club Mobilité. Et, selon l’entreprise, ce pari est payant, puisque les bénéficiaires du programme ne sont ni plus ni moins souvent en défaut de paiement que les autres emprunteurs.
Un modèle pérenne qui se revendique indépendant de toute subvention publique, excepté celles déjà existantes – la prime à la conversion et le bonus écologique permettent notamment de baisser le coût des voitures électriques pour les bénéficiaires. « On négocie des flottes de voitures auprès de Mobilize Financial Services [la filiale de leasing de Renault] pour bénéficier des tarifs les plus avantageux, mais le modèle économique n’est pas à perte », précise Jacques Berger, directeur d’Action tank entreprise et pauvreté.
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