En France, l’hydraulique continue à se développer au fil de l’eau

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Camion toupie pour transporter du béton, pelleteuse pour briser de la roche : encore en plein chantier, la future minicentrale hydroélectrique de Saint-Junien (Haute-Vienne) est pourtant vite censée entrer en service. Idéalement, d’ici à décembre 2023, après un an de travaux, espère son maître d’ouvrage. Philippe Herbrecht exploite déjà un premier barrage de ce type dans la commune et un autre à Saint-Brice-sur-Vienne, non loin de là.

« “Barrage”, pour certains, c’est un gros mot, ça fait peur, ça fait penser à des installations immenses », se corrige de lui-même le quinquagénaire. Alors, « il vaut mieux dire “seuil” ou “écluse” », ajoute-t-il, chaussé de bottes, devant cette chute d’eau de 1,90 mètre dont profitait autrefois un moulin à blé, puis à papier. Dans une vie antérieure, cet Alsacien tenait une entreprise d’électricité. C’était avant d’acquérir sa première centrale sur les bords de la Vienne, en 2013, puis de déménager avec femme et enfants dans le Limousin. Spécialement pour se lancer dans l’hydraulique.

Stéphane Causse, responsable de l'agence Serhy à Toulouse, et Philippe Herbrecht, futur exploitant de la centrale, le 5 juillet 2023 à Saint-Junien (Haute-Vienne).

Certes, des marges de développement existent dans le pays. Mais elles s’annoncent minces, par rapport à celles de l’éolien et du solaire. L’hydroélectricité est déjà une énergie renouvelable mature, développée dans les années 1940, puis, surtout, entre les décennies 1950 et 1970. « Le potentiel de production hydraulique en France est aujourd’hui considéré comme déjà largement exploité et présente peu d’opportunités supplémentaires à long terme », juge le gestionnaire national du réseau de transport d’électricité, RTE, dans son rapport « Futurs énergétiques 2050 », présenté en octobre 2021. Malgré une année de forte sécheresse, en 2022, l’hydroélectricité a encore fini en deuxième position de la production électrique (11 %). Loin derrière le nucléaire (63 %). Mais devant l’éolien (9 %) et le solaire (4 %).

Produire l’équivalent d’un réacteur nucléaire en 2028

L’objectif des pouvoirs publics est d’augmenter les capacités hydroélectriques pour les faire passer à au moins 26,4 gigawatts de puissance en 2028, contre 25,3 en 2016. Soit environ l’équivalent d’un réacteur nucléaire en plus. France Hydro Electricité attend de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie qu’elle rehausse encore le cap, pour le fixer à 27,1 en 2033. Soit par l’optimisation d’installations existantes, soit « avec le développement de nouveaux ouvrages », selon Xavier Casiot, président de l’organisation professionnelle.

A Saint-Junien, la future centrale permettra d’alimenter 530 foyers, selon les responsables du projet. Pas négligeable, sachant qu’environ 11 000 habitants résident dans cette ville dont les noms de rue (Karl-Marx), de place (Lénine) ou de faubourg (Liebknecht) rappellent la tradition communiste.

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