Dans les champs, l’heure est à la pomme de terre en fleur. Blanche ou rosée au gré des variétés. Dans les prés, le temps des pique-niques est bel et bien arrivé et les chips se croquent par poignées. Dans les hangars réfrigérés, les murs de pommes de terre s’effritent inexorablement. Mais, même un peu germées, et cueillies à l’automne 2022, elles sont toujours très prisées.
Et pour cause. L’an dernier, la collecte de patates s’est trouvée ratatinée, grillée par les coups de chalumeau du soleil de l’été. Dès la fin d’août, la filière appelait l’Etat à l’aide, arguant d’une baisse de rendement attendue de 20 %. Rien de tel pour enclencher la ritournelle et le couplet habituel sur la pénurie de la denrée.
L’inquiétude montait et chacun frissonnait à la perspective de passer l’hiver sans pommes de terre. Finalement, selon les données publiées par le ministère de l’agriculture, la collecte de tubercules a fini en recul de 11 % par rapport à 2021, à 8 millions de tonnes. Un repli limité même à 6 % en prenant la moyenne des cinq dernières années.
Fabricants sur les dents
Si les rayons des supermarchés n’ont jamais manqué, les fabricants, eux, sont restés sur les dents. La dizaine d’usines en France produisant chips, frites ou purées doit être alimentée. D’autant que les industriels belges ou néerlandais viennent aussi faire leurs emplettes hors de leurs frontières et croquent dans les stocks. Plus de 2 millions de tonnes ont été exportées sur les huit premiers mois de la campagne.
Pas étonnant alors, face à un tel appétit, de constater une flambée des prix. La patate joue l’épate. Le sac de 10 kilos de la bintje, départ Nord-Picardie, s’est renchéri de plus de 50 %, comparé au tarif moyen des cinq dernières années. Et quand les disponibilités s’amenuisent, les enchères montent encore d’un cran.
Les entreprises contraintes d’acheter sur le marché spot en perdent leur chemise. « Le marché spot de la pomme de terre est passé de 200 euros la tonne, il y a un an, à 500 euros la tonne, voire 600 euros cette semaine », témoigne Philippe Fardel, patron de Mousline. Il espère envoyer la patate chaude aux distributeurs : « Nous avons passé une augmentation de 10 % à 12 % de nos tarifs en mars, mais ce n’est pas suffisant. Nous demandons une nouvelle revalorisation de 8 % à 10 % en juillet. »
Pour la prochaine récolte, les producteurs sont très courtisés. Aux abois, les industriels font la chasse aux contrats. « Nous avons augmenté le prix de nos contrats pour 2023 de 50 %, à 165 euros la tonne. Mais nous ne couvrons que la moitié de nos besoins, contre 80 % espérés », précise M. Fardel. Le pécule du tubercule…
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