Didier Migaud, un social-démocrate au ministère de la justice

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Didier Migaud, ex-président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, à Paris, le 7 mai 2022.

Une chose est sûre : il va y avoir un changement de style radical Place Vendôme. Ce ne sera plus Eric Dupond-Moretti, 63 ans, ancien avocat pénaliste au tempérament sanguin, appréciant les joutes oratoires, qui occupera le siège de ministre de la justice. Le nouveau garde des sceaux – au profil très « finances publiques » – a beaucoup moins d’aspérités : Didier Migaud, 72 ans, ancien socialiste, ancien président de la Cour des comptes, était, depuis 2020, président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Symbole important, son nom a été le premier cité dans l’ordre protocolaire, lors de l’annonce du gouvernement, samedi soir 21 septembre.

L’union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) a accueilli sans hostilité cette nomination, contrairement à celle de M. Dupond-Moretti en juillet 2020. Le syndicat avait alors qualifié l’arrivée de l’avocat à la Chancellerie de « déclaration de guerre ». « Didier Migaud a une idée du fonctionnement de la justice de par son ancienne fonction à la tête de la Cour des comptes. Sa place dans l’ordre protocolaire est un indice intéressant sur les priorités que le gouvernement entend donner à l’action judiciaire, explique Ludovic Friat, le président de l’USM. On a besoin de ces symboles car nous sommes inquiets de la constitution du cabinet du premier ministre où la justice n’a pas de pôle autonome. La crainte est que la justice soit l’accessoire de l’intérieur. »

Du côté du Syndicat de la magistrature (SM), l’accueil est, lui aussi, très prudent et un peu plus frais : « Didier Migaud est surtout connu comme un expert du budget, on ne sait rien de son projet pour la justice donc il est tôt pour réagir. Mais, au sein d’un tel gouvernement, avec Bruno Retailleau à l’intérieur particulièrement, on doute qu’une vision humaniste et progressiste de la justice puisse être portée, craint l’organisation de gauche. On a besoin d’un ministre qui défende l’Etat de droit face aux attaques et aux menaces et qui défende aussi une justice forte garantissant l’égalité de toutes et tous devant la loi. »

La rupture avec l’ancien garde des sceaux est, en réalité, multiple. Ainsi, il a été reproché à Eric Dupond-Moretti des conflits d’intérêts quand, quelques semaines après sa nomination Place Vendôme, il avait ordonné à l’inspection générale de la justice des enquêtes administratives contre des magistrats avec qui il avait eu maille à partir quand il était avocat. Un procès a même eu lieu devant la Cour de justice de la République, à l’issue duquel M. Dupond-Moretti a été relaxé. Son successeur a, quant à lui, été chargé justement de traquer les éventuels conflits d’intérêts à la HATVP.

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