En dépit des fâcheries diplomatiques, le Maroc reste un lieu de villégiature prisé des personnalités politiques françaises en quête de soleil et de dépaysement. Ainsi Elisabeth Borne a-t-elle choisi cette destination, début janvier, pour tourner la page de Matignon. Un bref séjour à Marrakech, puis une longue randonnée entre Essaouira et Agadir (175 km) avec quelques amis ont permis à l’ancienne première ministre de reprendre son souffle, après dix-huit mois à la tête du gouvernement. Descendue dans un petit hôtel de routards sur la plage de Sidi Kaouki, au sud d’Essaouira, elle rit encore de la nervosité des policiers marocains affectés à sa sécurité, plus habitués à surveiller les abords des palaces du royaume, où séjournent en général les responsables politiques français, que les anciens repaires de hippies sans électricité.
De retour à Paris, l’ancienne locataire de Matignon a replongé très vite dans le bain politique, renouant, avant son arrivée à l’Assemblée nationale, prévue mardi 13 février, avec le Tout-Paris macroniste. Souriante et bronzée, elle a été reçue par le patron du MoDem, François Bayrou, dans son bureau de haut-commissaire au plan, a déjeuné avec le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin – qui lui a fait porter des fleurs –, a pris un café avec l’ancien président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, un autre avec son ancien ministre des transports, Clément Beaune, a revu le président d’Horizons, Edouard Philippe, qui avait plaidé pour son maintien à Matignon. Elle a aussi déjeuné avec la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, à l’hôtel de Lassay. Les deux femmes ont notamment évoqué les réunions des cadres de la majorité à l’Elysée, où elles n’ont pas été les seules à se faire rabrouer par le chef de l’Etat, mais où elles étaient, en revanche, les seules représentantes du sexe féminin. « On était deux. Maintenant, tu vas être toute seule ! », a lancé Elisabeth Borne, hilare, à son hôte.
Elue députée le 19 juin 2022, alors qu’elle était première ministre depuis un mois, l’ancienne préfète, dont c’est le premier mandat, n’a encore jamais siégé. Elle ne connaît pas les codes de la vie parlementaire et prendra place dans l’Hémicycle avec une image peu flatteuse, celle de la première ministre qui a déclenché, majorité relative oblige, le plus l’article 49.3 de la Constitution (23 fois, sur six textes différents), qui permet de faire adopter un texte sans vote, après Michel Rocard (28 fois, entre 1988 et 1991). Une perspective qui ne la rend pas totalement sereine.
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