Rugby : une nouvelle formule, mais toujours pas de clarté pour la Coupe des champions

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Le capitaine de La Rochelle, Grégory Alldritt, lors de la finale de la Coupe des champions face au Leinster, le 20 mai 2023 à Dublin.

Le rugby a la réputation d’être un sport simple régi par des règles complexes, auxquelles les non-initiés n’ont que difficilement accès. Les polémiques à rallonge sur l’arbitrage à l’issue de la dernière Coupe du monde – et en particulier à propos du quart de finale perdu par les Français face aux Sud-Africains (28-29) – l’ont rappelé : difficile parfois d’y voir clair dans les règlements. Et la nouvelle formule de la Coupe des champions, lancée ce week-end par un déplacement de Bordeaux-Bègles, dès vendredi 8 décembre, sur la pelouse irlandaise de Connacht, vient ajouter une couche de complexité supplémentaire à la sédimentation de l’Ovalie.

Au point que même les joueurs y perdent leur latin. « On n’y comprend pas grand-chose, pour tout vous dire. Ça change tout le temps, donc on a du mal à y trouver un sens, a résumé, vendredi, en conférence de presse, le capitaine toulousain, Antoine Dupont. Ceux qui l’organisent doivent y trouver leur compte. »

Compétition ayant porté plusieurs noms – en fonction des variations de « namer » officiel, désormais le groupe bancaire anglo-sud-africain Investec –, la Coupe des champions avait pendant longtemps « la Coupe d’Europe » pour synonyme. Ce n’est plus le cas depuis l’an passé, et l’incorporation de franchises sud-africaines à l’équation.

Enième nouvelle formule

Pour la saison 2023-2024, la compétition (inter) continentale dont les trois derniers vainqueurs sont français (La Rochelle en 2023 et 2022, et Toulouse en 2021) fait peau neuve, et propose une énième nouvelle formule, dont la lisibilité peine à simplifier un tournoi en pertes de repère depuis quatre ans et mis à mal par la pandémie liée au Covid-19.

Lire l’analyse : Article réservé à nos abonnés L’impossible réforme du rugby mondial

« Nous acceptons la critique sur le format que nous avions ces dernières saisons, peu lisible et compréhensible, et nous essayons de corriger le tir », a assuré Jacques Raynaud, directeur général de l’European Professional Club Rugby (EPCR), cité par L’Equipe. Rappelant que la précédente formule, qui impliquait une phase de qualification à deux groupes de douze et avait égaré les fans, avait été mise en place « à cause du Covid-19, puis pour intégrer les équipes sud-africaines », le dirigeant de l’instance organisant les Coupes « d’Europe » (avec la Challenge Cup) a professé essayer de « trouver le bon équilibre entre la simplicité de compréhension pour le fan et un format qui maximise le spectacle », afin « de ne pas changer [de formule] tous les ans ».

Muscler la phase de poules

Désireuse de répondre à l’une des critiques récurrentes faites à la compétition, vantée pour ses haletantes phases finales – à l’image de la dernière finale à rebondissements entre le Leinster et La Rochelle – mais vilipendée pour sa phase de poules, l’EPCR a choisi de muscler cette dernière.

Cette saison, les 24 équipes sont donc réparties en quatre groupes de six incorporant chacun deux équipes du Top 14, deux de Premiership anglaise et deux d’United Rugby Championship, le championnat rassemblant les équipes irlandaises, écossaises, galloises, italiennes et sud-africaines. Simple a priori… Sauf que chaque équipe ne disputera que quatre rencontres, car les formations membres d’un même championnat ne pourront pas se rencontrer avant les huitièmes de finale – où seront qualifiés les quatre premiers de chaque groupe.

« C’est simplement un format très court. Il faut gagner le maximum de matchs et de points pour être bien placé au classement général et pouvoir recevoir lors de la phase finale », a analysé Antoine Dupont, vendredi. L’an passé, toutes les équipes hôtes en huitièmes se sont qualifiées pour le tour suivant.

Une franchise géorgienne

« Notre objectif a toujours été de veiller à ce que tout le monde puisse facilement comprendre, s’impliquer et suivre nos tournois et de s’assurer que nous avons une structure qui crée un véritable enjeu sportif », a affirmé le président de l’EPCR, Dominic McKay. Alors que seules six équipes se sont distribuées les titres depuis 2009, et que les championnats anglais et gallois, notamment, sont en pleine crise économique, la question de maintenir 24 équipes dans cette compétition peut se poser – d’autant que le rugby se heurte depuis des années à des calendriers surchargés.

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Un an après l’arrivée de franchises sud-africaines dans la compétition, les Coupes d’Europe s’ouvrent cette année à la Géorgie, avec la participation de la franchise des Black Lion de Tbilissi au Challenge européen. De quoi augmenter à nouveau les distances, et raviver les critiques liées au coût écologique de la compétition.

« Des équipes qui ne font pas partie de l’Europe vont jouer la Coupe d’Europe et faire des milliers de kilomètres en avion, a constaté le pilier gauche du Stade français, Clément Castets, cette semaine. Je n’ai pas l’impression que l’écologie soit prise en compte dans les décisions sportives. » L’an passé, en sus, plusieurs équipes s’étaient plaintes des conditions de voyage pour rallier le pays de l’hémisphère Sud – ce que les organisateurs assurent avoir pris en compte et corrigé.

Et le sport dans tout ça ? La France va-t-elle conserver sa mainmise sur la Coupe des champions ? Un nouveau venu aux dents longues – le Racing 92 ou l’Union Bordeaux-Bègles – va-t-il s’inviter à la table des clubs vainqueurs de la Coupe « d’Europe » ? Ces questions ne trouveront leur réponse qu’au printemps, une fois que cette nouvelle formule du tournoi aura été étrennée.

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