
Plus d’un mois après la présentation du plan interministériel contre le harcèlement, le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal, a décidé de faire de la semaine du 6 novembre un moment « décisif pour le combat que nous menons contre le harcèlement ». Ce temps fort politique doit atteindre son point d’orgue jeudi 9 novembre, avec la huitième Journée nationale de lutte contre le harcèlement, que le locataire de la rue de Grenelle souhaite « inédite par son ampleur ».
Alors que le ministère estime qu’« un tiers des établissements scolaires » organisent d’ordinaire une action le 9 novembre, M. Attal a demandé que tous les établissements interrompent les cours deux heures afin de consacrer ce temps à la lutte contre ce fléau. Pour la première fois, des « questionnaires d’autoévaluation » doivent être distribués à tous les élèves du CE2 à la terminale pour vérifier « s’ils sont susceptibles d’être victimes de harcèlement scolaire », explique le ministère.
Ce temps d’échange n’aura cependant pas lieu dans tous les établissements scolaires jeudi, la rue de Grenelle ayant laissé un laps de temps d’une semaine aux équipes pour le faire. « Nous n’avons reçu les consignes que très tardivement, il nous faut du temps pour nous organiser », pointe Layla Ben Chikh, membre du bureau exécutif du SNPDEN-UNSA, majoritaire chez les personnels de direction. Le ministère n’a en effet communiqué ses directives que le 23 octobre, au tout début des congés scolaires, conduisant les syndicats à déplorer une organisation « précipitée ».
Les statistiques peinent à établir l’ampleur du fléau
Le questionnaire a été construit avec des professionnels de la santé mentale des jeunes, tels que les pédopsychiatres Marcel Rufo et Nicole Catheline, ainsi que des chercheurs spécialistes du climat scolaire, comme Eric Debarbieux et Catherine Blaya. Adapté dans ses formulations à chaque niveau de la scolarité, il invite les élèves à indiquer s’ils estiment être concernés « très souvent », « souvent », « parfois » ou « jamais » par des situations spécifiques. Sa passation n’est cependant « pas obligatoire » pour les élèves, indique le site du ministère. « Ce questionnaire devait être simple et tenir compte de deux éléments, explique M. Debarbieux. D’une part, le harcèlement se traduit par des microviolences qui ne paraissent pas forcément graves lorsqu’on les prend isolément. D’autre part, il consiste en une répétition de faits qui crée un effet d’accumulation. »
Pour l’éducation nationale, l’objectif est double. Il s’agit, d’une part, d’obtenir des données actualisées sur un fléau dont les statistiques peinent à établir l’ampleur. En 2015, le service statistique du ministère estimait que 5,8 % des élèves étaient victimes de harcèlement en France, dont 4 % en primaire, 12 % au collège et 2 % à 3 % au lycée. En 2011, l’Unicef chiffrait plutôt la part de victimes à plus de 10 %.
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