Retrouver la scène la met ce jour-là particulièrement en joie. A Neuchâtel, en Suisse, puis le lendemain à Maury, dans les Pyrénées-Orientales, Alexia Alexi – le pseudonyme professionnel d’Alexia Nguyen Thi – mettra en lumière la chanteuse Jeanne Added. Et « c’est grâce à Jeanne que j’ai pris confiance en moi », insiste l’éclairagiste parisienne, rencontrée quelques heures avant que cette joyeuse boule d’énergie ne reprenne la route.
Il y a cinq ans, l’artiste électropop aux deux Victoires de la musique lui avait proposé d’intégrer son équipe, alors qu’elle peinait à s’épanouir dans son métier. Non par manque de compétences – « Dès son premier concert avec nous, elle connaissait le show par cœur, maîtrisait toutes les programmations », se souvient Jeanne Added –, mais à cause de ses difficultés à se sentir légitime dans un milieu de techniciens à dominante très masculine. « Jusqu’à récemment, quand j’arrivais sur un plateau, les équipes d’accueil partaient du principe que je ne savais pas », explique la régisseuse lumière, âgée de 35 ans, qui, en plus d’être une femme, a le désavantage de paraître plus jeune que son âge.

« Ce monde de pousseurs de caisses et de tireurs de guindes a longtemps entretenu l’image d’une corporation trop physique pour les filles », souligne Emmanuelle Saunier, responsable de la communication au Centre national de formation professionnelle aux techniques du spectacle. Un univers d’autant plus réservé aux « mecs » que la mythologie pop associait ces « roadies » à tous les excès du cirque sex and drugs and rock ’n’ roll.
Si, en 2017, le Prodiss, le syndicat national du spectacle musical et de variété, notait dans une étude que seulement 27 % des intermittents techniciens du spectacle étaient des techniciennes, une féminisation de ces métiers semble s’accélérer. « Le nombre de femmes apprenties à notre formation de régisseur lumière est passé de deux sur douze, en 2010, à sept, en 2022 », se réjouit Emmanuelle Saunier. Des modèles comme Alexia Nguyen Thi et des artistes militantes telles que Jeanne Added, Pomme, Christine and the Queens ou Mansfield.TYA, n’y sont sans doute pas pour rien.
Un premier pied au théâtre
Alexia Alexi est arrivée à la lumière un peu par hasard. Après une licence de japonais, sa passion pour la bande dessinée l’oriente vers le monde de l’édition. Pour Futuropolis, elle tient des stands dans des festivals de BD, à Angoulême ou à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). « Je trouvais idéal la possibilité d’alterner ainsi périodes d’excitation et de calme. Une copine m’avait dit : “Ça, c’est la vie d’intermittent !” »
Il vous reste 66.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.