Après un an de mobilisation pour aider les élèves à la rue, la fierté et la colère des collectifs d’enseignants et de parents

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Le collectif Jamais sans toit s’est mobilisé afin d’ouvrir à deux familles le gymnase de l’école Mazenod, à Lyon, le 6 décembre 2021.

Les écoles ont beau avoir fermé leurs portes voilà deux semaines, les enseignants et les parents d’élèves du collectif Pas d’enfant à la rue, à Tours, sont à nouveau sur le pont. Ils sont même « plus mobilisés que jamais », confie, avec fatigue et colère, Julie (les personnes citées par leur prénom souhaitent rester anonymes), professeure à l’école Michelet : six familles qu’ils accompagnaient ont dû quitter leur hébergement d’urgence ces derniers jours. A Lyon, Raphaël Vulliez et d’autres membres du collectif Jamais sans toit n’ont pas encore baissé la garde. Ils s’inquiètent pour la cinquantaine d’occupants, enfants compris, du gymnase Bellecombe, et devaient participer à un gala pour les soutenir, samedi 22 juillet.

En neuf années d’existence de Jamais sans toit, Raphaël Vulliez n’avait pas connu une mobilisation aussi massive, et aussi longue, en faveur des élèves à la rue : des collectifs se sont constitués ou étoffés dans une quinzaine de villes ; ils se sont fédérés au sein du Réseau d’aide aux élèves sans toit ; ils ont organisé des goûters solidaires, lancé des cagnottes en ligne pour payer des nuits d’hôtel aux familles concernées, interpellé les pouvoirs publics ; ils ont occupé leurs établissements scolaires, pendant plusieurs semaines ou mois, afin d’y héberger, le soir après la classe, élèves et parents qui n’avaient pas d’autre solution que la rue. « Ce n’est plus comme avant, quand il y avait moins d’enfants concernés et qu’on obtenait des mises à l’abri en quelques jours d’occupation d’école, se rappelle M. Vulliez, qui est enseignant du quartier de la Croix-Rousse. Fin juin, nous avons dénombré 328 enfants à la rue dans la métropole lyonnaise, ce qui est inédit. »

Lyon et les autres métropoles n’ont pas été les seules à éprouver la saturation de l’hébergement d’urgence, pourtant porté à un niveau record cet hiver, avec 205 000 places ouvertes chaque soir. A Tours, « nous avons été plusieurs professeurs à découvrir au printemps que de plus en plus d’enfants de nos classes, pourtant très discrets, passaient les nuits dehors, à la gare ou aux urgences », témoigne Vanessa, qui enseigne le français à des collégiens dont ce n’est pas la langue maternelle. « Quand on a compris que des camarades de nos enfants étaient dans de telles situations, c’est devenu très concret. Monter ce collectif était aussi une façon de soutenir les enseignants », raconte Roman, professeur d’université dont le fils est scolarisé à l’école Michelet.

« Un petit miracle »

Vincent, enseignant de CP, n’en pouvait plus « des soirées atroces dans la salle des maîtres, à essayer d’appeler le 115 et à se sentir démunis. A partir du moment où on s’est dit : “Si on ne trouve pas d’hébergement à une famille, on dort là, avec elle”, ça a tout changé ». Ils ont été une cinquantaine à s’investir – tous les enseignants de l’école Michelet, ceux d’autres établissements, ainsi que des parents d’élèves. Et quelques-uns ont accepté de livrer le récit de cette aventure, un soir de début juillet, à l’école Michelet toujours.

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