Rochefourchat et sa seule habitante, le village le moins peuplé de France

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L’entrée du village de Rochefourchat, dans la Drôme.

Il fallait d’abord arriver à destination. De Valence, à quelque 70 kilomètres de distance, les routes sinueuses le long de la vallée de la Roanne nous avaient conduite jusqu’au bien nommé Saint-Nazaire-le-Désert (4,5 habitants au kilomètre carré). Et il y avait déjà un moment que l’on n’avait croisé âme qui vive, mais le meilleur était à venir.

Pour trouver encore plus désertique que ce charmant village médiéval de la Drôme provençale, il faut poursuivre le chemin jusqu’au bout de l’étroite départementale qui finit à Rochefourchat. Une vieille église et son petit cimetière, deux maisons en pierre, dont la mairie, et une cabine téléphonique sans combiné. Plus loin dans la montagne, dispersées sur deux hameaux, trois autres bâtisses. La visite du cœur du village se fait en quelques minutes. Et pour rencontrer un administré, mieux vaut fixer rendez-vous.

Perché à 844 mètres d’altitude, encadré par les reliefs chahutés des Préalpes, ce bout du monde verdoyant détient le record de la commune habitée la moins peuplée de France. Un seul habitant, selon les derniers chiffres de l’Insee, sur un territoire communal de 12 kilomètres carrés. Ou plutôt une habitante, Josette (qui n’a pas souhaité donner son nom).

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Cheveux courts grisonnants, allure sportive en fine polaire, l’unique Rochefourchatienne est tombée amoureuse de ce coin isolé il y a une dizaine d’années, au point d’y acheter, avec son ex-mari, une vieille bâtisse. Mais depuis 2017, l’ancienne employée administrative, qui a longtemps travaillé à Valence, a transformé sa maison de vacances en résidence principale.

« Ici, on est content de peu »

Chaque jour, la jeune retraitée de 65 ans profite du paysage grandiose qui entoure son refuge, situé dans l’un des deux hameaux excentrés de la commune. « J’ai toujours aimé la tranquillité et, depuis toute petite, je rêvais d’une maison dans les bois », raconte la grand-mère de quatre petits-enfants, âgés de 5 à 18 ans.

Des balades à vélo ou à pied, les sorties à Saint-Nazaire-le-Désert suffisent à son bonheur solitaire. « Ici, on se contente de peu et on est content de peu », résume-t-elle avec philosophie. Une parabole pour recevoir téléphone et Internet, une source venue de la montagne pour l’eau froide, et des panneaux solaires pour le chauffage et l’eau chaude assurent le confort et une vie paisible « sans ennui ni coup de blues ».

L’église et la mairie du microvillage drômois de Rouchefourchat.

Vigie de Rochefourchat, elle en est aussi la première adjointe. Car le bourg de poche est un vrai village, avec son maire et son conseil municipal. Le premier magistrat de la commune, Jean-Baptiste de Martigny, qui en est à son troisième mandat, est avocat d’affaires à Paris. « Mon père, qui cherchait du calme et de l’espace, avait acheté ici, il y a presque vingt ans, une ancienne ferme, raconte l’édile. Au fil des années, je me suis attaché à l’endroit et j’y séjourne régulièrement depuis 2006. » En 2008, le juriste aujourd’hui quadragénaire est élu à 100 % des voix par les huit inscrits sur les listes électorales, sans campagne électorale ni opposition. A l’exception de Josette, aucun ne vit à l’année à Rochefourchat.

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