C’est la coquetterie de tout ministre en veille de remaniement. Le ministre délégué aux comptes publics, Gabriel Attal, disait batailler pour rester à Bercy ces dernières semaines, histoire de mener à bien le travail engagé depuis un an. Son ambitieux plan de lutte contre la fraude, par exemple, ciblant « les ultra-riches et les multinationales », démarrait à peine, il fallait mettre en place les différents chantiers. Mais déjà, il songeait à sa prochaine prise de parole politique, après l’été. Il faudrait marquer le coup. Pourquoi pas sur l’éducation, autour de cette idée profondément macroniste et un peu oubliée de l’émancipation ?
D’émancipation, il sera assurément question au ministère de l’éducation nationale, où cet ancien secrétaire d’Etat à la jeunesse pendant le premier quinquennat, âgé de 34 ans, a été nommé jeudi 20 juillet. De laïcité, de nouveau baccalauréat, de réforme du lycée professionnel et de recrutement des enseignants également. L’exécutif souhaitait une personnalité forte pour ce ministère en manque de visibilité.
Mais dès l’officialisation de sa nomination, c’est sa scolarité à l’Ecole alsacienne, un établissement privé parisien, qui faisait réagir les cercles éducatifs et les politiques de gauche : « Que connaît-il à l’école publique ? », pouvait-on lire sur les réseaux sociaux. « Oui j’ai été à l’école privée, a immédiatement répondu le ministre jeudi soir dans son discours de passation des pouvoirs. Je n’ai pas à renier ou à m’excuser pour ce choix qu’ont fait mes parents à l’époque, comme des millions de parents le font chaque année. »
C’est le député (Renaissance) de la Gironde Thomas Cazenave, inspecteur et ancien secrétaire général adjoint à l’Elysée sous François Hollande, qui va le remplacer au ministère du budget. Proche d’Emmanuel Macron, qu’il a côtoyé lors des travaux de la commission Attali sur la libération de la croissance, cet ancien rapporteur de la commission Arthuis sur la dette en 2021 ne fait pas partie du premier cercle du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, mais il est considéré comme un bon connaisseur de la maison.
Le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, le député (Renaissance) du Gers Jean-René Cazeneuve, dont le nom était évoqué en début de journée, aurait refusé le poste. Selon deux sources gouvernementales, sa suppléante, Véronique Thieux-Louit, ne souhaitait pas siéger au Palais-Bourbon.
Macron apprécie ses intuitions politiques
Pour la première fois, celui que l’ancien premier ministre Jean Castex surnommait « le jeune Gabriel » va piloter seul un ministère de plein exercice, lui qui a dû composer avec Jean-Michel Blanquer rue de Grenelle, entre 2018 et 2020 – le tandem ne fonctionnait pas –, puis avec l’omniprésent Bruno Le Maire à Bercy, depuis l’été 2022.
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