Milan Kundera a été incinéré dans la plus stricte intimité

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L’écrivain franco-tchèque Milan Kundera en 1981. Photo Grossetti.

L’écrivain franco-tchèque Milan Kundera, mort le 11 juillet à l’âge de 94 ans, a été incinéré « dans la plus stricte intimité », a annoncé mercredi 19 juillet Gallimard, sa maison d’édition. L’auteur de L’Insoutenable Légèreté de l’être (1984), qui a vécu dans une très grande discrétion, ne souhaitait pas de funérailles. Le lieu de son incinération n’a pas été précisé.

« La sonatine de Janacek, jouée au piano par Ludvik Kundera, le père de Milan, l’a accompagné durant ce dernier voyage », a précisé dans un communiqué le président de la maison d’édition, Antoine Gallimard. Ce morceau du compositeur tchèque Leos Janacek a été enregistré par le père du romancier, un pianiste renommé, mort en 1971.

Milan Kundera, né à Brno (Moravie, alors en République tchécoslovaque) en 1929, exilé en France à partir de 1975, est l’un des grands auteurs de la littérature du XXe siècle. Ses romans interrogent la condition humaine, l’évolution de l’identité, le sens de la liberté, les hasards de l’existence ou encore la possibilité de l’amour.

Peintre sarcastique de la condition humaine, dans ses dimensions politique, amoureuse et érotique, Milan Kundera est l’un des rares auteurs à être entré de son vivant dans la prestigieuse collection « La Pléiade ». Il a été traduit dans une cinquantaine de langues.

Celui qui a commencé sa carrière en exposant les absurdités du régime communiste était destiné comme ses parents à une carrière de musicien. Milan Kundera fut d’abord un écrivain mélomane : ses premiers textes, des poèmes, sont composés comme des sonates.

Mis à l’index dans son pays natal

Dans les années 1960, il publie deux romans. La Plaisanterie (1968), comme un clin d’œil au burlesque du Brave soldat Chvéïk (1921), héros populaire de son compatriote Hasek, fut notamment salué par le poète Louis Aragon. Risibles amours (1970) offre des textes dressant un bilan amer des illusions politiques de la génération du coup de Prague qui, en 1948, permit l’arrivée au pouvoir des communistes.

Mis à l’index dans son pays après le « printemps de Prague », Milan Kundera s’exile en 1975 en France avec son épouse, Vera, présentatrice vedette de la télévision tchèque. Naturalisé, il choisira dès lors le français comme langue d’écriture. Il marquait sa rupture avec un pays natal qui le déchoit de sa nationalité en 1979, puis la lui rend en 2019.

En France, il publie notamment La Valse aux adieux (1976) ou Le Livre du rire et de l’oubli (1978). Découvrant que son premier traducteur français avait dénaturé son style, il a été extrêmement pointilleux ensuite sur les éditions françaises de ses œuvres.

En 1984 paraît ce que d’aucuns considèrent comme son chef-d’œuvre, L’Insoutenable Légèreté de l’être, roman d’amour et ode à la liberté, tout à la fois grave et désinvolte. Le livre sera adapté au cinéma, avec Juliette Binoche et Daniel Day-Lewis.

Il s’abstient de s’exprimer dans les médias depuis le milieu des années 1980, souhaitant qu’on parle de son œuvre et de rien d’autre.

Milan Kundera vivait discrètement dans le centre de Paris, avec un cercle de proches très restreint. Il a été plusieurs fois victime de canulars annonçant sa mort avant l’heure.

Il était régulièrement pressenti pour recevoir le prix le Nobel de littérature, qu’il n’a jamais décroché.

Le Monde avec AFP

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