Que valent les promesses ? Le sauvetage de Casino (Monoprix, Franprix, CDiscount, Naturalia) n’est même pas encore finalisé que de sérieux doutes entachent déjà l’engagement pris par les repreneurs pressentis de maintenir l’intégrité du groupe en France. Un document confidentiel, que Le Monde a pu consulter, montre en effet l’existence ces derniers jours d’échanges entre Lidl et le fonds Attestor, invité de dernière minute dans l’attelage formé par les hommes d’affaires Daniel Kretinsky (actionnaire à titre indirect du Monde) et Marc Ladreit de Lacharrière.
Dans cette lettre adressée à David Alhadeff, un des associés d’Attestor chargé du dossier Casino, et signée par Kenneth McGrath, le directeur général de Lidl, le distributeur allemand dresse une liste « cible » de près de 600 supermarchés, environ 300 Casino et 300 Monoprix, de Marseille à Saint-Galmier (Loire), en passant par Paris, dont il dit que l’acquisition l’intéresse. Cette marque d’intérêt est confirmée par l’entourage d’Attestor, qui précise « qu’il n’y a pas de discussions ».
Selon le site Internet de Casino, le groupe compte 315 magasins Monoprix en France et 103 à l’international (employant 21 000 collaborateurs), 429 supermarchés Casino en France, auxquels s’ajoutent 26 magasins à l’international (10 860 collaborateurs). C’est dire l’appétit manifesté par Lidl. En plus de cet inventaire, le prétendant ajoute qu’il dispose d’une certaine « flexibilité » pour acheter également des hypermarchés Géant et, pourquoi pas, mettre la main sur la totalité des supermarchés sous enseigne Casino et Monoprix.
« Projet Voltaire »
Preuve, en tout cas, que Lidl a reçu une écoute attentive à ses propositions, le groupe travaille activement sur un tel scénario, présenté sous le nom de code « Projet Voltaire » : sans doute parce que la devise de l’écrivain français, « malheur est bon à quelque chose », s’appliquerait bien à la situation si les déboires de Jean-Charles Naouri, le fondateur du groupe Casino, permettaient au discounteur de grossir en France, où il capte 8 % du marché alimentaire selon les chiffres de Kantar, avec plus de 1 500 magasins.
Le distributeur, épaulé par la banque d’affaires UBS, est dans les starting-blocks : il se dit prêt à proposer une valorisation indicative de ces magasins « cible » en quarante-huit heures, pour peu que le « vendeur » lui fournisse des éléments chiffrés sur ces points de vente. La France étant présentée comme un marché « clé » pour le groupe allemand, cette volonté d’aller de l’avant est « partagée et approuvée au plus haut niveau » du groupe familial Schwarz, propriétaire de Lidl.
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