En Argentine, trois policiers condamnés à perpétuité pour un meurtre motivé par la « haine raciale »

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Devant le tribunal de Buenos Aires où les policiers ayant assassiné le jeune Lucas Gonzalez sont jugés, le 11 juillet 2023.

Le 17 novembre 2021, quatre adolescents sortent en voiture du centre d’entraînement du club de football Barracas Central, situé dans le sud de Buenos Aires. Lucas Gonzalez, 17 ans, y jouait. Ses trois amis étaient venus tenter leur chance pour intégrer les équipes jeunes de ce club de première division. Il est 9 h 30. Sur le chemin du retour vers la municipalité de Florencio Varela où ils vivent, située en périphérie de la ville, ils s’arrêtent pour acheter des jus de fruits et des gâteaux, à l’entrée de la Villa 21-24, un quartier précaire de la capitale argentine.

Un véhicule banalisé et non immatriculé leur coupe soudain la route. « J’ai klaxonné car je pensais qu’il était distrait », racontera le conducteur, Julian Salas, lors du procès. Lorsqu’il voit l’un des officiers, en civil, vêtus de noir et arme au poing, sortir de la voiture, il assure penser à une tentative de vol, et essaie de s’échapper en montant sur le trottoir.

Les tirs commencent à fuser, deux balles touchent Lucas Gonzalez à la tête. Julian stoppe le véhicule et appelle à l’aide. Des policiers en uniforme en poste aux alentours s’approchent et immobilisent rapidement deux d’entre eux, tandis que le troisième s’échappe, avant d’être arrêté quelques heures plus tard, alors qu’il s’était rendu au commissariat pour dénoncer les faits. Lucas Gonzalez, quant à lui, sera transporté sous surveillance policière à l’hôpital avant de succomber à ses blessures le lendemain.

Quatorze policiers accusés

Rapidement, la version donnée par les policiers impliqués – qui avançaient avoir été mis en danger par « quatre individus apparemment mineurs, jeunes » qui « étaient armés », perd en crédibilité. Alors qu’ils prétendent avoir été menacés avec une arme, on découvre que cette dernière est factice, et qu’il n’y a donc pas eu de fusillade mais des tirs à sens unique. Les parents des jeunes garçons assurent dans les médias que l’arme retrouvée dans le véhicule des adolescents y a été placée par la police a posteriori, ce qui sera confirmé plus tard par un témoignage. Enfin, une vidéo de sécurité de la ville de Buenos Aires, qui a partiellement enregistré la séquence, montre, d’après le magistrat qui l’a expertisée, une scène qui ressemble davantage à un « assaut » de la part des policiers qu’à un contrôle d’identité.

Dans les médias et sur les réseaux sociaux, la société argentine s’indigne. L’impact est tel que c’est Gregorio Dalbon, l’un des avocats de la vice-présidente, Cristina Fernandez de Kirchner, qui représentera finalement les familles des victimes.

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