La comédienne Gwendoline Gauthier, une « athlète affective » sur le ring à Avignon

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Gwendoline Gauthier, au Théâtre de Poche à Bruxelles, le 10 avril 2023.

Gwendoline Gauthier a le don de la métamorphose. Lorsqu’on rencontre la comédienne, il est impossible de ne pas être saisi par le contraste entre Effie, le personnage bouleversant de rage et de fureur qu’elle incarne dans Iphigénie à Splott − spectacle incontournable du Festival « off » d’Avignon − et la trentenaire rayonnante, aux yeux bleu turquoise, à la belle chevelure rousse et vêtue d’une petite robe bleu clair à col blanc. Antonin Artaud écrivait que l’acteur est un « athlète affectif ». Gwendoline Gauthier incarne parfaitement cette définition.

Pour se glisser dans la peau d’Effie et défendre avec une énergie bluffante cette nana de Splott, quartier déshérité de Cardiff (Pays de Galles) frappé par la désindustrialisation, où la vie est un combat, où l’alcool est la seule béquille, elle se prépare chaque jour physiquement − en respectant une stricte hygiène de vie − et émotionnellement. « Je lis tous les matins le journal. L’actualité me met en colère, cela me pousse dans une dynamique », explique cette ancienne élève de l’école d’acteurs du Conservatoire royal de Liège (Belgique).

Pendant que le public s’installe, elle est déjà en fond de scène, les mains dans les poches de son survêtement, un bonnet vissé sur la tête. Elle fait les cent pas comme une boxeuse qui attendrait le combat. Trois musiciens, qui vont accompagner magnifiquement cette tragédie rock, ont pris place sur le plateau bordé d’une fine guirlande blanche lumineuse. Effie surgit comme sur un ring pour balancer son histoire.

« Une utopie à l’américaine »

Celle d’une paumée qui s’enivre dans les bars, que personne n’ose regarder, qui bouillonne de colère contre l’injustice, qui n’en peut plus d’encaisser les conséquences d’un système qui abandonne les invisibles. Une rencontre va changer sa vie. Et comme dans les films de Ken Loach, des choix politiques d’austérité vont venir percuter son destin.

Quand le directeur du Théâtre de Poche de Bruxelles a fait lire à Gwendoline Gauthier ce texte choc et haletant du dramaturge gallois Gary Owen, récit palpitant d’une sacrifiée de la société, elle a « bossé comme une dingue » pour réussir l’audition. « J’étais bouleversée par cette histoire, par la nécessité que le public l’entende. Parce qu’on ne mesure pas à quel point la politique a des conséquences concrètes sur l’existence des gens. » Retenue par le metteur scène Georges Lini, la comédienne a choisi de mener un travail quasi cinématographique. Elle est partie quinze jours à Cardiff pour mettre des images sur des mots. « J’ai marché dans tous les endroits décrits par Gary Owen, j’ai emprunté les mêmes itinéraires qu’Effie et j’ai appris là-bas une grande partie de mon texte. »

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