Haut-Karabakh : l’Azerbaïdjan reproche à la Russie de ne pas tenir ses engagements

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Un poste de contrôle azerbaïdjanais à l’entrée du corridor de Latchine, le seul lien routier entre l’Arménie et la région du Haut-Karabakh, le 2 mai 2023.

La reprise en main que la Russie souhaite entreprendre sur le processus de paix dans le Haut-Karabakh vacille. L’Azerbaïdjan a accusé Moscou, dimanche 16 juillet, de ne pas avoir respecté ses obligations dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu que le Kremlin avait parrainé pour mettre fin à la guerre entre Bakou et Erevan dans cette région peuplée majoritairement d’Arméniens mais reconnue internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan.

« La partie russe n’a pas assuré la pleine mise en œuvre de l’accord dans le cadre de ses obligations », a déclaré le ministère des affaires étrangères d’Azerbaïdjan, ajoutant que Moscou « n’a rien fait pour empêcher » l’Arménie de livrer des équipements militaires aux forces séparatistes dans l’enclave.

A l’automne 2020, Moscou avait parrainé un accord de cessez-le-feu à l’issue d’une guerre de six semaines qui avait vu la défaite des forces arméniennes, contraintes de céder des territoires qu’elles contrôlaient depuis des décennies.

La Russie s’était engagée à déployer des soldats pour garantir la libre circulation entre l’Arménie et le Haut-Karabakh par le corridor de Latchine, seul axe routier reliant l’Arménie à l’enclave. Celui-ci a été fermé mardi par l’Azerbaïdjan au motif d’actes de « contrebande » menés par la branche arménienne de la Croix-Rouge, qui a néanmoins pu reprendre, vendredi, les évacuations médicales du Haut-Karabakh.

Discussions à Bruxelles

Le ministère de la défense azerbaïdjanais a affirmé, samedi, que les séparatistes arméniens produisaient « des interférences radioélectriques dirigées contre les systèmes de navigation GPS de compagnies aériennes locales et étrangères » volant en Azerbaïdjan. « Ces incidents posent une menace sérieuse à la sécurité aérienne », estime le ministère dans un communiqué.

Selon cette source, le 13 juillet, un avion de la compagnie Azerbaijan Airlines effectuant un vol vers la localité de Fizouli, dans le Haut-Karabakh, a subi une panne de son système GPS à cause d’interférences présumées. Les autorités séparatistes arméniennes ont rejeté ces accusations, en les qualifiant de « mensonge absolu ».

Samedi, le ministère des affaires étrangères russe a exhorté l’Azerbaïdjan à rouvrir le corridor. La diplomatie russe a également déclaré que la récente reconnaissance par l’Arménie du Haut-Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan « a radicalement changé la position du contingent russe de maintien de la paix » déployé dans la région. Dans le cadre de négociations à la fin de mai, Erevan a accepté de reconnaître le Haut-Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, sous réserve du respect de plusieurs mécanismes tels que la protection des droits et de la sécurité des habitants arméniens de la région.

Samedi, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, se sont retrouvés à Bruxelles pour des discussions sous la médiation de l’Union européenne (UE), visant à résoudre des décennies de conflit.

Manifestations pour rouvrir l’axe

M. Pachinian a dénoncé jeudi un « blocus » illégal du Haut-Karabakh, et plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi à Stepanakert, principale ville de cette région, en appelant l’Azerbaïdjan à rouvrir cet axe. Erevan craint depuis plusieurs mois une grave crise humanitaire dans l’enclave, du fait de conditions d’accès de plus en plus difficiles.

Bakou et Erevan tentent de négocier un accord de paix avec l’aide de l’Union européenne et des Etats-Unis, dont l’implication diplomatique croissante dans le Caucase irrite Moscou. Samedi, dans un effort pour reprendre la main, la Russie a proposé d’accueillir une rencontre des ministres des affaires étrangères des deux pays, et a suggéré que le futur traité de paix pourrait être signé à Moscou.

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Le président du Conseil européen, Charles Michel, a, pour sa part, annoncé son intention d’organiser une nouvelle rencontre avec MM. Aliev et Pachinian à Bruxelles après l’été, ainsi qu’une discussion à cinq, au début d’octobre à Grenade (sud de l’Espagne), avec le président français, Emmanuel Macron, et le chancelier allemand, Olaf Scholz, en marge du prochain sommet de la Communauté politique européenne.

Le Monde avec AFP

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