La plupart des départements français sont d’ores et déjà concernés par des restrictions en matière de consommation d’eau, alors qu’une grande partie des nappes souterraines affichent des niveaux sous les normales.
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et Météo-France ont publié, respectivement les 11 et 13 juillet, leur bulletin de situation hydrogéologique des sols superficiels et des nappes. Les deux documents, arrêtés au 1er juillet, dressent un bilan contrasté de la situation hydrologique en France.
Sols superficiels : le Nord continue à s’assécher, les orages dans le Sud limitent la sécheresse
Météo-France constate que le cumul de précipitations a été globalement excédentaire (+ 10 %) en France au mois de juin. Mais l’indice d’humidité des sols agrégé pour toute la France métropolitaine s’établit à 0,35, en dessous des normales de saison.
- La Bretagne, les Hauts-de-France, la Normandie et la Lorraine ont connu un mois de juin assez sec, avec des déficits de 10 % à 50 % en moyenne, pouvant atteindre plus de 75 % (notamment en Moselle).
- Dans le reste du pays, les précipitations ont été nombreuses à la faveur de multiples épisodes orageux. Dans le Vaucluse, les cumuls de précipitations de juin équivalent même trois fois et demie à la normale.
- Il a également plu sur une partie du golfe du Lion, ce qui a permis d’atténuer, en partie seulement, la sécheresse historique qui y sévit, particulièrement marquée dans le département des Pyrénées-Orientales. Les sols restent toujours plus secs qu’un mois de juillet « normal ».
La carte des écarts à la normale de l’indice d’humidité des sols daté du 12 juillet montre un contraste fort entre d’une part une bande sud qui va des Landes jusqu’aux Bouches-du-Rhône, où il a beaucoup plu, et d’autre part la moitié nord de la France, où l’ensoleillement a été maximal en juin en parallèle d’un déficit marqué de pluies. Les sols sont devenus très secs en Bretagne, dans les Pays de la Loire, ainsi que dans le Grand-Est, et devraient continuer à s’assécher au cours du mois de juillet
68 % des nappes restent au-dessous des normales mensuelles
Alors que les précipitations hivernales et printanières n’ont que partiellement rempli les réserves d’eau, asséchées par l’été 2022, les pluies orageuses de juin n’ont pas réussi à pénétrer suffisamment dans les sols pour empêcher la baisse des niveaux des nappes.
Les trois quarts des points d’observation du BRGM se sont vidés par rapport au mois précédent, en particulier « sur les deux tiers nord du territoire », note l’organisme chargé de la surveillance des ressources du sol et du sous-sol dans son dernier point de situation (publié le 11 juillet, il ne prend en compte la situation que jusqu’à la fin de juin).
Il s’agit d’un constat « habituel pour la période » : en cette saison, les précipitations sont majoritairement captées par les sols et les plantes, pour lesquelles les fortes chaleurs favorisent l’évapotranspiration. « Certaines nappes les plus sensibles, comme la nappe des calcaires jurassiques du sud du seuil du Poitou, ont toutefois vu leur niveau soutenu par les orages », explique le BRGM, qui note que les nappes les plus inertielles, qui sont moins sensibles aux pluies, rencontrent des « minima historiques (…) sur de nombreux secteurs ». Les nappes du couloir Rhône-Saône sont ainsi à des niveaux jugés « préoccupants, de modérément bas à très bas ».
Dans le tiers sud du territoire, la situation est plutôt contrastée ; dans certaines réserves d’eaux souterraines, par exemple en Provence, « des pics ponctuels de crue ont été enregistrés ». Mais « sur les secteurs les moins arrosés ou sur les nappes moins réactives », comme dans le Roussillon, des niveaux bas à très bas sont relevés.
Globalement, depuis le début d’avril, la situation n’évolue « que peu, voire se dégrade légèrement » : 68 % des points d’observation du BRGM se situent à des niveaux modérément bas à très bas par rapport à la normale mensuelle, contre 66 % le mois précédent et 75 % l’année précédente à la même période – « la situation est plus favorable que l’année dernière (…) mais localement plus contrastée ».
La carte de situation proposée par le BRGM fait état, elle aussi, de différences notables par rapport à l’année dernière (les niveaux en Bretagne sont par exemple supérieurs à ceux de juillet 2022 et se sont détériorés.
« La situation devra être particulièrement surveillée sur les nappes qui affichent actuellement des niveaux sous les normales mensuelles ainsi que sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements », conclut le BRGM. Dans ce contexte, si certaines préfectures, comme celle du Gard, ont allégé les restrictions après les orages de juin, d’autres prennent de nouveaux arrêtés pour renforcer les mesures ou étendre les zones concernées. Dans le Calvados, par exemple, l’est du département est placé en « alerte sécheresse » depuis le 7 juillet. Dans les Pyrénées-Atlantiques, la préfecture a réduit les prélèvements agricoles dans plusieurs zones, à compter du 14 juillet.