L’Indien Narendra Modi, partenaire incontournable et controversé

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Le président américain Joe Biden et la première dame Jill Biden accueillent le premier ministre indien Narendra Modi à la Maison Blanche, à Washington, le jeudi 22 juin 2023.

L’ancien paria est fêté à Washington, courtisé à Paris, désormais bien campé, en ces temps de grandes incertitudes, dans son rôle de partenaire incontournable des chancelleries occidentales et de celles du Sud global, capable de dialoguer aussi bien avec la Russie qu’avec le Japon ou l’Arabie saoudite. Invité d’honneur de la cérémonie du 14-Juillet, au cours de laquelle 250 soldats indiens défileront sur les Champs-Elysées, le premier ministre indien, Narendra Modi, revient pourtant de loin. Naguère accusé de complicité dans les pogroms antimusulmans ayant ensanglanté en 2002 l’Etat du Gujarat – plus d’un millier de morts, dont une majorité de disciples du Prophète – qu’il dirigeait alors, il fut interdit de visa aux Etats-Unis durant une décennie.

Mais cela fait désormais un moment que ce nationaliste hindou décomplexé à la posture autoritaire bénéficie d’un accueil chaleureux dans les grandes capitales. Il est au pouvoir depuis neuf ans, après que sa formation politique, le Parti indien du peuple (BJP), a emporté les législatives de 2014, de 2019 et se trouve en bonne position pour le porter de nouveau à la tête du pays, lors du scrutin de 2024.

A Washington, fin juin, Joe Biden a déroulé le tapis rouge devant le dirigeant indien, et sa visite a été sanctionnée par la signature de contrats significatifs dans les domaines militaires, économiques et technologiques, marquant l’évolution d’une relation bilatérale « plus forte, plus étroite et plus dynamique que jamais », selon les mots du chef de l’exécutif américain.

A la traîne en matière de développement

L’Inde, longtemps pays phare du mouvement des non-alignés, a développé sous la houlette de M. Modi un singulier concept de diplomatie « multi-alignée » qui lui permet de réaffirmer son indépendance stratégique et d’élargir le périmètre d’une influence qu’elle veut tous azimuts. Au nom de cette doctrine résolument opportuniste, elle reste un partenaire de la Russie – dont elle est encore dépendante à 50 % pour sa défense et à laquelle elle achète du pétrole brut et du gaz à prix cassé depuis le début de la guerre en Ukraine – tout en se rapprochant de plus en plus des Etats-Unis ; ces derniers voient en ce grand rival de la Chine le contrepoids idéal à l’émergence agressive du régime de Pékin.

L’Inde de Modi peut également se targuer de résultats économiques lui permettant de justifier son rôle accru sur la scène internationale : perspective de croissance de 5,9 % en 2023, l’une des plus fortes du monde, la désormais cinquième économie mondiale tire notamment profit du fait que les investisseurs étrangers se détournent de la Chine et souhaitent diversifier leurs chaînes de production. Mais si son économie devrait dépasser celles du Japon et de l’Allemagne d’ici à 2028, elle reste cependant à la traîne en matière de développement et abrite encore 229 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, selon les Nations unies.

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