L’enseignement supérieur privé, un marché devenu lucratif et illisible

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Dans la communauté universitaire, on les surnomme les « marchands de formations ». Pour recevoir du public, certains n’ont eu qu’à solliciter une autorisation d’ouverture auprès de la préfecture. Pour prendre leur essor, ils ont profité de l’explosion des contrats d’apprentissage qui leur a permis de recruter des étudiants facilement tout en touchant de l’argent public, à hauteur de 6 000 euros par apprenti. Ces établissements savent aussi capter les candidats déçus de Parcoursup, pour lesquels ils constituent la dernière chance de poursuivre des études postbac quand leurs candidatures n’ont trouvé aucune issue favorable sur la plate-forme gouvernementale.

Management, informatique, ingénierie, communication, sciences politiques, arts… l’offre est des plus vastes au sein de grands groupes comme Omnes (détenu par le fonds d’investissement britannique Cinven) et Galileo (détenu par le fonds de retraite canadien CPPIB et Téthys, la holding de la famille Bettencourt Meyers).

Au côté de ces mastodontes qui créent de la valeur en rachetant des écoles en France et à l’étranger, une kyrielle de petites entreprises tentent également d’obtenir une part du gâteau, en se spécialisant dans des thématiques porteuses censées coller aux attentes de la société, à l’instar de la transition écologique.

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En l’absence de régulation, les pouvoirs publics ne parviennent pas à préciser, parmi les 25 % d’étudiants qui suivent leur cursus dans le secteur privé, combien s’inscrivent dans l’orbite de ces sociétés commerciales. Soucieuse de cette tendance, la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale a lancé, le 5 juillet, une mission d’information autour des députées Béatrice Descamps (Nord, LIOT) et Estelle Folest (Val-d’Oise, MoDem).

Employabilité immédiate

Dans un univers devenu illisible, le ministère de l’enseignement supérieur veut reprendre la main. D’ici 2024, une plate-forme permettra de répertorier les formations publiques et les formations privées bénéficiant d’une reconnaissance par l’Etat, détaille auprès du Monde Anne-Sophie Barthez, directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle. « Nous rendrons un véritable service aux candidats et à leurs familles en apportant plus de lisibilité sur l’offre de formations, prévoit-elle. Nous commencerons avec les formations qui ont déjà été évaluées et bénéficient déjà d’une reconnaissance par l’Etat. »

L’essor du « privé lucratif » redessine un paysage composé depuis plusieurs siècles par les universités et les grandes écoles. Son principal vecteur n’est autre que le ministère du travail, dont il dépend, puisque les formations dispensées relèvent non pas de diplômes du ministère de l’enseignement supérieur, mais de « titres » inscrits au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), synonymes d’employabilité immédiate. Ces formations représentaient 35 % des effectifs en apprentissage dans l’enseignement supérieur en 2021, soit 200 000 étudiants.

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