
Le symbole est lourd. Dix jours après la fin d’émeutes sans précédent, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé, mercredi 12 juillet, l’adoption d’un dispositif de sécurité inédit à l’occasion de la fête nationale, placée sous haute surveillance policière en raison d’un « contexte particulier (…) de violences ». Pas moins de 130 000 membres des forces de l’ordre seront mobilisés à travers le territoire jeudi et vendredi, « dont 45 000 chaque soir, équipés et organisés (…) contre les violences urbaines ».
Ce format d’ampleur avait été expérimenté pour maîtriser les violents affrontements qui ont suivi la mort de Nahel M., 17 ans, tué le 27 juin à Nanterre par un policier lors d’un contrôle routier. A compter de jeudi soir, les effectifs du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissuasion), de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) ainsi que des hélicoptères de la gendarmerie, des véhicules blindés et des drones seront mis à contribution. Gérald Darmanin a également précisé qu’à sa demande expresse, des consignes d’interpellation avaient été données aux policiers et aux gendarmes et que les transports en commun « de surface » (bus et tramways) seraient mis à l’arrêt à compter de 22 heures dans les grandes zones urbaines.
Les autorités redoutent une nouvelle flambée de violences, dont le symbole, en l’espace de quelques jours, a été incarné par les « mortiers d’artifice » utilisés par les émeutiers contre les forces de l’ordre. Depuis un décret pris par la première ministre, Elisabeth Borne, le 8 juillet, « la vente, le port, le transport et l’utilisation d’articles pyrotechniques et artifices de divertissement » sont interdits aux particuliers « sur l’ensemble du territoire national » pour « prévenir les risques de troubles graves à l’ordre public au cours des festivités du 14-Juillet ». Outre les opérations de contrôle menées contre leur commerce illégal, une force opérationnelle constituée de policiers, gendarmes et douaniers surveille désormais leur vente sur Internet et la distribution par les centres de tri postal. D’après les chiffres du ministère de l’intérieur, 150 000 mortiers et feux d’artifice détenus illégalement ont été saisis depuis le 27 juin.
Un commerce clandestin florissant
De nombreuses préfectures ont pris des arrêtés similaires ces dernières semaines face à l’utilisation massive d’engins pyrotechniques. « On ne réglera pas le problème avec des mesures ponctuelles bricolées à la dernière minute », s’agace Nicolas Nordman, adjoint à la maire de Paris chargé de la prévention, de l’aide aux victimes, de la sécurité et de la police municipale. Selon l’élu, les « très nombreux décrets et arrêtés pris chaque année illustrent en creux les insuffisances d’une loi illisible et trop complexe ». Or, avance Nicolas Nordman, aucune mesure ne sera efficace faute d’une stratégie de prévention sur le long terme et d’une « législation beaucoup plus ferme », qui interdirait purement et simplement la vente, le transport et l’utilisation des mortiers d’artifice à des non-professionnels. D’autant que les différentes interdictions ne semblent pas freiner un commerce clandestin florissant.
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